lundi 6 février 2017

Méthode de développement des facultés supra-normales Eugène




La méthode décrite dans ces pages n’est pas, comme
certains critiques de la première édition l’ont prétendu, le
produit de conceptions théoriques plus ou moins réalisables
destinées à provoquer la clairvoyance chez les lecteurs
soucieux de l’expérimenter. Elle est, au contraire,
essentiellement positive, puisqu’elle est la conclusion de
quelques milliers d’expériences entreprises durant une
vingtaine d’années sur un nombre considérable de sujets de
toute sorte. Les moyens indiqués sont la conséquence de
multiples observations, et ceux qui les ont appliqués ont
obtenu des résultats remarquablement concordants avec les
miens.
D’autres personnes ont regretté que la méthode nécessite
un instructeur et ne donne pas les moyens de développer la
clairvoyance par soi-même. Cela n’est pas à souhaiter.
Certaines faces orientales, il est vrai, obtiennent la vision
subjective par un entraînement personnel, mais cela résulte
d’une faculté innée, plutôt rare dans les races occidentales. Un
développement sans instructeur risque de rendre le cerveau
réceptif à des courants mauvais et déséquilibrés, qui
déterminent les illusions trompeuses accompagnées de
troubles nerveux susceptibles de devenir très graves ; tandis
que ce danger disparaît avec l’instructeur, pourvu qu’il soit
soucieux de conduire les images avec logique et régularité,
d’éviter les questions décousues, ainsi que tout ce qui peut

occasionner une fatigue ou un état pénible, et de provoquer
chez le sujet des états d’équilibre et de calme de plus en plus
complets. Non seulement le développement normal ne
provoque aucun trouble, mais au contraire, il perfectionne
l’état physique et moral du sujet et assure même sa guérison
ou l’atténuation de son mal lorsqu’il est souffrant.
Enfin cette méthode ne doit nullement ses succès à mon
action personnelle, comme on l’a également prétendu. Elle
dépend évidemment des aptitudes du sujet, mais elle est
efficace avec tout instructeur, pourvu qu’il en applique
soigneusement les règles. Elle est comparable à une méthode
de dessin ou de musique, dont l’application dépend de l’élève
et du professeur, mais qui donne toujours des résultats. Elle
s’exerce mal avec les personnes frustes, mal cultivées ou
versatiles. Par contre, elle produit des effets remarquables avec
les personnes évoluées, surtout avec celles qui savent garder
une sérénité constante ou qui possèdent un désir sincère
d’élévation morale ; en définitive, elle apporte à tous, avec plus
ou moins de puissance, des états subjectifs nouveaux et
supérieurs, car elle est une véritable culture psychomentale.

Méthode de développement
des facultés supra-normales
La connaissance du monde extérieur nous est donnée par
nos sens, mais ceux-ci sont extrêmement bornés. Nous ne
pouvons entendre ou voir une personne qu’à la condition
d’être à proximité d’elle, et nous ne pouvons échanger nos
idées avec elle que par l’intermédiaire de mots qui varient d’un
peuple à l’autre et qui, le plus souvent, trahissent,
volontairement ou non, notre pensée.
Cependant la science a pu, dans une certaine mesure,
étendre nos sens : le microscope et le télescope ont agrandi le
champ de notre vision dans l’infiniment petit comme dans
l’infiniment grand ; le téléphone a supprimé pour l’audition la
nécessité de la courte distance et la télévision transmet les
images à distance. En outre la science nous a laissé entrevoir
l’existence d’innombrables modes vibratoires, dont une
infinitésimale partie seulement est perceptible. En effet, notre
oreille n’enregistre que les vibrations de 32 à 33 000, notre oeil
ne perçoit que celles comprises entre les 450 trillions de la
lumière rouge et les 750 trillions de la lumière violette ; de sorte
qu’en intercalant même les vibrations de l’électricité et de la
chaleur, on se trouve encore en présence de lacunes qui défient
l’imagination. Ces lacunes correspondent-elles à des
vibrations réellement émises dans l’univers, ou, au contraire,

ne sont-elles que la conséquence d’un néant, d’une
discontinuité absolue dans la succession vibratoire ? Cette
dernière hypothèse n’est compatible, ni avec les lois de la
nature, qui ne procède que par transitions, ni avec les
acquisitions de la science qui nous découvre l’existence de
vibrations nouvelles, à mesure qu’elle progresse, et il nous faut
conclure que, selon toute probabilité, il existe d’innombrables
centres vibratoires qui échappent à notre conscience, et dont la
perception nous donnerait la connaissance de mondes
insoupçonnables.
Faut-il admettre que nous ne connaîtrons ces mondes
inconnus que par les lents progrès de la science ? Ne pouvonsnous
suffisamment affiner nos perceptions actuelles pour
étendre nos investigations ? Ne pouvons-nous acquérir des
sens nouveaux et accroître indéfiniment le champ de notre
conscience ? Cette question se résout immédiatement par
l’affirmative, si l’on admet l’existence des phénomènes supranormaux
qu’on trouve relatés dans les écrits anciens et chez
certains auteurs modernes : comme la double vue, la
télépathie, le sommeil somnambulique. Mais ces phénomènes,
dont nous allons cependant démontrer l’existence par la suite,
sont discrédités ; c’est pourquoi, ils ne font pas partie de
l’enseignement officiel et ne sont pas étudiés par le monde
savant. Deux raisons expliquent ce discrédit.
Des observations contradictoires
La première s’appuie sur le caractère chaotique et
contradictoire des observations qui ont été faites sur ce genre
de phénomènes, sur ce que lui-même manifeste une variété et
une spontanéité qui le rendent insaisissable ; enfin sur ce que

les professionnels du somnambulisme plus ou moins lucide se
préoccupent beaucoup plus de leurs intérêts lucratifs que de
ceux de la science et ne craignent pas, certains du moins, de
suppléer à leur faculté nécessairement capricieuse par du
charlatanisme.
Et des idées préconçues
La seconde raison se base sur les idées préconçues que
nous professons en général à l’égard du psychisme. L’étude
des questions psychiques commence à peine ; jusqu’à ce jour
leur solution nous a été donnée par les religions, les
philosophies, les doctrines diverses et chacun de nous s’est
rallié au système le plus conforme à son tempérament. Nous
pouvons être négateur ou croyant, sceptique ou crédule,
matérialiste ou spiritualiste, peu importe ; nous ne pouvons
nous empêcher d’établir, à l’égard des destinées de l’âme, un
édifice métaphysique, qui a ses fondations dans le plus
profond de nous-mêmes et que nous rattachons au système
religieux ou philosophique auquel il s’adapte le mieux. Nous
devenons alors irréductibles, et dans les discussions, nous
nous heurtons ou nous nous accordons avec notre
interlocuteur dans la mesure où ses idées psychiques
s’éloignent ou se rapprochent des nôtres. Si nos croyances ne
sont pas en affinité avec les siennes, l’entente devient
impossible, puisqu’elle nécessiterait le renversement d’une
conviction dont les racines sont au plus intime de notre être, et
qui s’est affirmée à chaque effort de notre pensée. Prenons, par
exemple, la croyance aux vies successives : la religion
bouddhique et la doctrine théosophique l’admettent, la
religion catholique et la doctrine gnostique la rejettent, les
scientifiques modernes lui opposent celle de l’hérédité. Il est

certain que catholique, gnostique et savant, d’une part,
bouddhiste, théosophe et spirite, d’autre part, ne pourront
aborder cette question sans se heurter ; ils pourront échanger
avec plus ou moins de subtilité de nombreux arguments, ils ne
s’entendront pas. De même, la télépathie, la voyance et autres
phénomènes psychiques déterminent immédiatement chez
celui qui en entend parler une opinion arrêtée, hostile ou non,
parce qu’ils touchent aux destinées de l’âme et ébranlent notre
édifice métaphysique. C’est pourquoi les publications, quoique
nombreuses, qui sont faites à leur sujet, n’aboutissent, la
plupart du temps, qu’à des discussions stériles.
Il faut adopter une attitude scientifique
Si donc on veut s’éclairer sur la valeur de ces phénomènes,
il faut écarter toute forme religieuse ou philosophique et les
examiner d’une manière positive, c’est-à-dire les étudier par les
méthodes scientifiques. Mais ces méthodes ne consistent
nullement à se perdre en discussions plus ou moins logiques ;
procéder ainsi n’est pas faire oeuvre de science, mais oeuvre
littéraire ou philosophique. La science nécessite tout au moins
le processus suivant : l’observation, c’est-à-dire la mise en
lumière de faits évidents ; l’expérimentation, c’est-à-dire la
production voulue des mêmes faits dans des conditions
variées qui permettent d’en étudier les filiations et les à-côtés ;
la création d’instruments de mesure, sans lesquels il ne serait pas
possible de préciser le phénomène et d’en fixer l’allure ;
l’établissement des lois vérifiables par tous ; enfin, la présentation au
public d’hypothèses fécondes susceptibles non seulement
d’expliquer le phénomène, mais encore de faire apparaître des
faits nouveaux.

Commencer par la sensation élémentaire
Pour remplir ces diverses conditions, il faut entreprendre
l’étude des phénomènes psychiques par le commencement,
c’est-à-dire par la sensation élémentaire, telle que celle qui
résulte d’une faible lumière ou d’un son à peine perceptible.
Cette étude existe déjà ; commencée depuis le siècle dernier,
elle a engendré une science peu connue, appelée la
Psychophysique. On lui doit un certain nombre de lois ; en
particulier celle qui relie la sensation à l’excitant, et celle qui
précise le fonctionnement des mémoires. Elle a fait connaître le
jeu des contrastes et des rythmes. Elle a permis d’expliquer
certaines illusions, d’éclairer notre mécanique naturelle, de
comprendre le rôle des nombres dits mystiques dans l’univers,
d’établir une esthétique rationnelle, bref de résoudre
rationnellement et d’expliquer rigoureusement un certain
nombre de problèmes psychiques. Je n’insisterai pas sur cette
science, d’ailleurs très aride, dont l’exposé nécessiterait un
grand nombre de séances et dont les principaux éléments se
trouvent dans les ouvrages de Charles Henry, tels que le Cercle
Chromatique, le Rapporteur esthétique, etc. J’aborderai seulement
la partie de cette science, qui fait l’objet de la présente étude, à
savoir le Développement des Facultés supra-normales, et qui
concerne l’Imagination.
Une méthode valable pour tout le monde
L’Imagination est un mot dont nous comprenons tout le
sens ; nous savons qu’il correspond à un phénomène subjectif
auquel nous sommes tous soumis, mais dont nous ne
soupçonnons généralement pas toute la portée. L’importance
de l’Imagination provient de ce qu’elle contient en germe les

facultés psychiques supérieures. Il m’a suffi effectivement de
m’appuyer sur quelques-uns de ses principes pour établir une
méthode susceptible de faire apparaître chez toute personne,
même d’évolution moyenne, le sens de la double vue, la vision
du passé et la prémonition, la perception de sensations
nouvelles et la connaissance progressive des mondes
invisibles ; toutes ces facultés étant obtenues, sans action
magnétique ni fluidique, sans disparition de la conscience
normale et dans un temps très rapide, puisque leurs premières
manifestations apparaissent en moins d’une demi-heure et
sont suivies d’un progrès continu.
Qu’est-ce que l’Imagination ?
Pour comprendre comment cela est possible, nous allons
analyser le phénomène de l’Imagination. L’imagination peut
se définir comme étant la faculté de percevoir intérieurement
des images ; mais qu’est-ce que l’image ? C’est le rappel d’une
impression provoquée, soit par un objet, soit par une réunion
d’objets, soit par toute scène ayant un caractère d’unité ou de
cohésion, autrement dit, c’est le souvenir d’un groupe de
sensations élémentaires. Généralement, on applique le mot «
image » simplement à la sensation visuelle, mais en
psychophysique, pour simplifier, on l’étend aux autres
sensations et on considère aussi bien des « images auditives,
olfactives, tactiles, gustatives ».
Nous croyons, en général que les images peuvent passer
dans notre cerveau en ne laissant aucune trace visible au
dehors. Le contraire a été démontré. On a constaté que nous ne
pouvons nous représenter, même la plus faible des images,
comme celle de la lettre i, sans qu’il y ait production d’un

mouvement, lequel consiste, en ce cas particulier, dans un
déplacement de la langue. C’est dire, en d’autres termes, que
toute vision interne est accompagnée d’une émission d’énergie
et se traduit finalement, par un mode vibratoire c’est-à-dire par
une propagation indéfinie.
La pensée émet une aura
Dans un ouvrage intitulé : les Formes pensées, Annie Besant
et Leadbeater, procédant par la vision interne, constatent que
toute pensée est accompagnée de la projection dans l’espace
d’une sorte d’amas fluidique coloré, invisible à nos yeux
physiques, mais perceptible dans un état spécial qu’on appelle
voyance ou clairvoyance. Cet amas fluidique présente un
contour vague quand la pensée est imprécise, net, au contraire,
quand elle est bien définie ; il manifeste, en outre, une
coloration, dont la nuance dépend du genre d’émotion qui
accompagne la pensée, et dont la luminosité et la pureté sont
corrélatives de sa qualité. Ce flocon fluidique peut être projeté
dans une direction définie et atteindre une personne
déterminée, ou se répandre dans l’espace sans but précis,
auquel cas il se groupe avec d’autres flocons par affinité. Dans
un autre ouvrage intitulé : l’Homme invisible, Leadbeater
observe que toute personne est enveloppée d’une atmosphère
lumineuse appelée « aura » et qui rappelle, mais avec plus de
complexité, le spectre et ses raies. C’est dans le sein de cette
aura que se forment les flocons fluidiques, sous l’effet du
travail émotionnel de la pensée. Faibles et légers lorsque
l’esprit est calme, ils sont, au contraire, engendrés par des
mouvements tourbillonnaires rapides et projetés au loin avec
force lorsque l’âme est agitée par des passions violentes. Ils ne

sont jamais perdus pour celui qui les a émis puisque les
expériences faites sur les sujets en état d’hypnose établissent
qu’on peut toujours retrouver une impression ressentie à un
moment quelconque de la vie.
Un exemple troublant
Les images ainsi projetées ont une propagation indéfinie,
et de ce fait atteignent tous les êtres, mais ceux-ci ne peuvent
en prendre conscience que si leur état vibratoire s’accorde avec
celui de l’image ; ce cas peut se présenter incidemment, comme
le montre un grand nombre d’observations relatées par
différents auteurs et, en particulier, par la Société des
Recherches psychiques de Londres. Il a été établi que certaines
morts ont coïncidé exactement avec la production, chez des
personnes éloignées, de la vision du mourant ou d’une autre
hallucination. Tel est le cas, par exemple, rapporté par
Flammarion dans l’Inconnu et les Problèmes psychiques, de cette
société réunie chez un notaire et attendant pour déjeuner le
retour de ce dernier parti à la chasse. Tous virent la fenêtre de
la salle à manger, alors ouverte, se fermer subitement et se
rouvrir de même. La femme du notaire eut un pressentiment
fâcheux et justifié, car au même moment son mari était tué par
accident. Le mouvement de la fenêtre, bien que constaté par
toute la société, n’avait eu aucune réalité, sans quoi une carafe,
placée sur une table contre la paroi et dont le goulot dépassait
les bords de la fenêtre, eût été nécessairement renversée ou
cassée ; il y avait eu hallucination collective. Ce phénomène de
transmission de pensée, ou d’état émotif, constitue ce qu’on
appelle la télépathie. Bozzano, dans une étude parue dans les
Annales des sciences psychiques, a exposé une série de faits qui
résument la question et en démontrent nettement la réalité. Il

est d’ailleurs facile à constater : Flammarion admet qu’une
personne sur vingt a eu l’occasion de vérifier un cas probant
de télépathie. N’avons-nous pas tous remarqué qu’à certains
jours on pense subitement à écrire à un ami et que notre lettre
se croise avec celle de l’ami : il y a eu télépathie.
Toute image perçue se projette hors de
nous
Les travaux qui viennent d’être énumérés, conduisent à la
même conclusion, à savoir que toute image perçue est
finalement projetée hors de nous, ou, ce qui revient au même,
provoque un courant qui la transmet dans un sens indéfini. Le
savant remarque l’existence d’ondes de propagation aussitôt
après la formation de l’image ; le sensitif perçoit l’émission
d’un amas de substance lumineuse ou l’apparition d’un
courant fluidique ; l’observateur constate que, dans certaines
circonstances, il s’établit une corrélation entre le créateur d’une
forme pensée et une personne étrangère plus ou moins
lointaine. On en déduit cette conclusion remarquable que les
images étant causes ou effets de courants, permettent par leur
combinaison convenablement faite, de manier ces courants et
de provoquer des phénomènes psychiques anormaux. En
réalité, le cerveau fonctionne comme un appareil de
télégraphie sans fil, tantôt comme émetteur, tantôt comme
récepteur. Ce point de vue est contraire à l’opinion des anciens
psychologues, comme Taine, par exemple, qui, dans son
ouvrage sur l’Intelligence, professe que les images spontanées
ne peuvent provenir que de la mémoire, c’est-à-dire des
matériaux accumulés pendant le cours de l’existence. Cette
conclusion est trop absolue. Nos perceptions internes sont

formées la plupart du temps, il est vrai, avec nos souvenirs,
mais elles peuvent aussi bien résulter d’impressions
provoquées par le dehors et provenant de causes visibles ou
non, connues ou inconnues, opérant dans des conditions plus
ou moins occultes. En termes d’électricité, nous dirons que le
cerveau fonctionne, généralement, en circuit fermé, mais peut
encore fonctionner en circuit ouvert. Ce point est très
important, car il fait comprendre la possibilité des facultés
supra-normales.
Ce qui se passe dans le subconscient
En résumé, nous savons que certains excitants ou modes
d’énergie, comme la lumière, le son, les odeurs, agissant dans
des conditions convenables d’intensité et de contraste,
provoquent sur nous-même un état de conscience appelé
sensation. Cette sensation, une fois perçue, ne s’efface jamais
entièrement, elle peut reparaître, dans certains cas, sans que
l’excitant intervienne, mais alors elle renaît affaiblie ; c’est le
phénomène du souvenir. De même, un objet, un être, une
scène déterminent un agglomérat de sensations, soumis au
même processus de renaissance ; la réapparition de
l’agglomérat constitue précisément une image. La totalité de
nos sensations se fixe donc en nous-même et constitue ainsi
une sorte de magasin, qu’on appelle le subconscient. Mais
comme nos impressions sont, dans une certaine mesure,
communes à d’autres personnes, il en résulte que le
subconscient renferme, parmi nos souvenirs, des images qui se
retrouvent dans le subconscient d’une autre individualité. Par
affinité, ces images s’associent entre elles et constituent des fils
conducteurs qui permettent, occasionnellement, de puiser
dans le subconscient d’autrui. Nous pouvons donc dire que

ces magasins d’images ne sont pas hermétiquement clos, et
que si nous accédons plus facilement dans celui qui nous est
propre, nous pouvons néanmoins, dans certains cas, ouvrir la
porte de communication et pénétrer dans celui du voisin, puis,
gagnant de proche en proche, parvenir à visiter tel
subconscient qui nous attire.
Deux sortes d’images
Puisque le cerveau fonctionne comme émetteur et comme
récepteur d’ondes, il y a lieu de distinguer deux catégories
d’images : les images émises et les images reçues.
L’imagination étant le phénomène psychique déterminé par la
combinaison des images, il y a, par conséquent, deux sortes
d’imagination : l’imagination active et l’imagination passive.
Le rôle de l’imagination active
L’imagination active est la faculté de faire apparaître par la
volonté les représentations internes, de les associer suivant
une finalité ; c’est par elle que le littérateur construit ses
romans, l’artiste établit sa composition musicale ou son sujet
de peinture, le savant prépare ses travaux de laboratoire et
combine ses opérations mathématiques. Elle est la source de la
compréhension des phénomènes, de la création, de l’évolution
du Moi ; elle est la base du jugement, de la formation des idées
et d’un grand nombre de phénomènes mentaux.
L’imagination active embrasse tout un monde.

L’imagination passive conduit au supranormal
Si nous connaissions ses lois, et si nous savions les
appliquer, nous pourrions guérir nos maladies sans médecin
et sans médicament, transformer notre être et réaliser des
miracles. L’imagination passive, la seule dont nous ayons à
nous occuper, est un autre monde. C’est elle qui, par
l’utilisation de quelques-uns de ses éléments, va nous donner
les moyens de faire apparaître les facultés supra-normales. Elle
consiste dans l’apparition spontanée des images. Celles-ci
peuvent surgir d’elles-mêmes sous l’action de différentes
causes, en premier lieu par leur liaison naturelle, car toute
image tend à faire apparaître la série des images avec laquelle
elle est liée par contiguïté dans l’espace et dans le temps. Par
exemple, si aucun effort de volonté n’intervient, une pelouse
dans un jardin évoque le banc qui est à côté ; le souvenir d’un
incident dans une rue rappelle non seulement l’incident, mais
les actes qui en ont été la conséquence. Les images se réveillent
ainsi les unes les autres, de proche en proche, se groupent, en
raison de leurs intensités et de leurs affinités et constituent des
scènes plus ou moins cohérentes qui embrassent tout le champ
de la conscience, si aucun phénomène objectif n’intervient.
C’est ce qui se passe dans les rêves dont la cause principale est
le jeu de l’imagination passive.
Une autre cause de l’apparition spontanée des images est
fournie par la télépathie. Dans certaines conditions
psychiques, l’image émise par une personne étrangère nous
impressionne ; elle se mêle alors à nos propres images et crée
une liaison spontanée entre les deux subconscients. C’est la

raison d’être de certaines intuitions, de pressentiments, de
perception des ambiances, de cas de double vue, de
transmission de pensée et autres phénomènes anormaux.
Comment peut-on développer nos
facultés supra-normales ?
Ces préliminaires posés, nous pouvons maintenant
comprendre le principe qui permet de développer les facultés
supra-normales. Il suffit de mettre le calme dans les pensées et
d’empêcher le jeu de l’imagination active, de manière à pouvoir isoler
une image ; de renforcer ensuite l’intensité de cette image pour la
chasser du subconscient ; puis de l’orienter en créant les associations
convenables. Ces associations engendrent des courants qui
entraînent la conscience dans un domaine nouveau, dont la
nature dépend de l’orientation première de l’image. Autant
donc de modes possibles d’orientation, autant de genres de
perceptions et, par conséquent, de facultés nouvelles. Les
choses se passent comme si l’entrée du monde invisible était
fermée par une porte à multiples serrures, susceptibles de
s’ouvrir au moyen d’une seule clef, selon son inclinaison et son
degré de rotation. La porte est le cerveau, bloqué par les idées
personnelles ; la clef est l’image, qu’on oriente convenablement
par des mots concrets appropriés. Le principe, qui permet de
faire surgir les facultés supra-normales, est donc très simple et
à peu près infaillible. La simplicité est telle qu’on peut
s’étonner de ne pas voir les dites facultés plus répandues. La
raison en est dans le désordre et la confusion qui président, en
général, au fonctionnement de notre intelligence ; nous
embrouillons à plaisir le jeu de l’imagination active avec celui
de l’imagination passive et le chaos de nos idées ne laisse les

vibrations inaccoutumées et les fines vibrations pénétrer dans
le champ de notre conscience que fortuitement. Notre cerveau
est comme un grenier encombré d’objets disparates qui, par
leur mauvaise distribution, masquent la lucarne et empêchent
la vue sur le dehors ; ou encore, il est semblable à un garage
plein de véhicules qui circulent en tous sens et qui, se gênant
mutuellement, ne peuvent gagner la sortie que par l’effet du
hasard. Il suffit évidemment de ranger les objets du grenier
pour restituer à la lumière son passage, d’arrêter les véhicules
du garage momentanément, sauf un, pour laisser le dernier
sortir.
L’expérimentation pratique
Nous venons de voir le principe qui sert de base au
développement des facultés supra-normales, examinons
maintenant en détail les moyens de l’appliquer. Prenons
comme sujet une personne de culture et d’évolution
moyennes, homme ou femme. Plus elle sera raffinée, meilleurs
seront les résultats ; plus elle sera grossière, plus le
développement sera difficile. Il suffira, pour arriver au succès,
qu’elle ait un peu d’imagination, et surtout qu’elle ne soit pas
entièrement absorbée par le terre à terre et les côtés mesquins
de la vie, ni uniquement subordonnée à ses intérêts personnels
; il faut encore, bien entendu, qu’elle ne soit ni malade, ni sous
le coup d’une émotion violente.
Ceci admis, en premier lieu on fait naître le calme en elle.
Pour cela, on opère dans une pièce demi-claire, avec un
assistant tout au plus, et encore ce dernier doit-il se retirer dans
le coin le plus éloigné et se garder de projeter ses pensées avec
trop d’intensité. On installe confortablement le sujet, on l’invite

à masquer ses yeux avec une main pour ne pas être gêné par
la lumière ; on l’aide à chasser ses préoccupations du moment
au moyen de contre-images, puis on le prie de se dégager de
toute pensée d’intérêt et de ne chercher dans la séance qu’une
possibilité d’évolution psychique plus haute.
On induit un mot
Dès que le calme est obtenu, on prononce nettement un
mot susceptible d’évoquer une image concrète, tel que vase,
bouquet, etc., après lui avoir demandé de préciser la sensation
éprouvée à l’audition du mot. Trois cas peuvent se présenter :
ou bien il ne se produit aucune impression, ou bien il survient
une réminiscence, ou bien il surgit une image inconnue.
L’absence d’impression indique nettement que le sujet n’a
pas su se débarrasser de ses soucis ou qu’il a une
préoccupation inconsciente ; en effet, le mot prononcé est une
onde vibratoire qui aurait dû faire naître des vibrations dans le
subconscient. Si celui-ci est resté neutre, puisque rien ne s’est
produit, c’est qu’il n’y a pas eu pénétration, le sujet s’est muré
et le mot a été renvoyé comme une balle par un obstacle. Alors,
on fait tomber la préoccupation, soit en prononçant une série
de mots différents, ce qui a pour effet de distraire le sujet de la
pensée qui l’absorbe, soit, si cela ne suffit pas, en faisant appel
au souvenir d’un objet familier : on provoque ainsi une
réminiscence et on retombe dans le second cas. Si ce procédé
est également impuissant, on a recours à l’imagination
créatrice en invitant le sujet à composer une représentation,
comme un bouquet, une petite scène ; comme nous avons
admis que celui-ci doit avoir un peu d’imagination, l’effet ne

peut manquer de se produire. La préoccupation est chassée et
la production d’images internes devient possible.
Dans le second cas, qui est le plus général, le mot prononcé
a déterminé une réminiscence : on émet alors une série de
mots en variant leur sonorité de leur nature. On passe, par
exemple, d’un mot signifiant une représentation d’eau, comme
un lac, à un autre indicateur de feu, ou de roches, ou d’un objet
concret. Au bout d’un temps généralement court, on fait surgir
une image inconnue et on tombe dans le troisième cas. Si les
réminiscences persistent quand même, cela indique que le
sujet se stabilise dans son subconscient, soit en raison d’un état
de fatigue, soit parce qu’il conserve encore quelques
préoccupations et n’est pas assez passif. Alors, on s’arrête sur
la réminiscence la plus complexe et on oblige le sujet à porter
son attention sur elle, en lui posant une série de questions sur
les détails et les à-côtés de cette réminiscence. Avec un peu de
patience, on arrive à faire surgir une image inconnue, ou
même une simple impression qui ne rappelle aucun souvenir ;
on insiste aussitôt sur cet élément inconnu, de manière à
retomber dans le troisième cas. Au besoin, on hâte l’apparition
de cette partie inconnue en faisant appel à l’imagination active
et en demandant au sujet de compléter la scène ou l’objet par
un peu de fantaisie ; on le décroche ainsi de la forme d’esprit
dans laquelle il se stabilise.
Le seuil du subconscient
En réalité, la persistance des réminiscences est
exceptionnelle ; dans la plupart des cas, la personne, sous
l’effet des mots prononcés, retrouve à peine trois ou quatre
réminiscences, puis ne constate plus aucune impression. Cette

absence d’impression est l’indice, non qu’elle chasse le mot
comme au début du travail, mais qu’elle est sur le seuil de son
subconscient, et qu’elle va en sortir pour entrer dans la
troisième phase, celle des images inconnues. En effet, il suffit
de continuer l’émission des mots concrets pour provoquer
l’apparition d’images qui ne rappellent aucun souvenir. Par
exemple, le mot jardin fait surgir l’image de pelouses et de
fleurs dont la disposition donne l’impression d’être totalement
inconnue. Or, ceci n’est possible que dans deux cas : ou bien
l’image émane d’une source étrangère, et le sujet est sorti de
son subconscient ; ou bien la scène qui a provoqué
ultérieurement l’image est restée enfouie dans les profondeurs
du subconscient. Le sujet se trouve à la limite de celui-ci et est
prêt à en sortir. Si cette sortie tarde un peu, on la hâte par
l’accrochage, c’est-à-dire qu’ayant fait surgir, par exemple,
l’image d’une allée de jardin ou d’une voiture, on invite le sujet
à se promener en imagination dans l’allée ou à monter dans la
voiture. Cette représentation de mouvement entraîne le
déroulement d’une succession d’images panoramiques
nécessairement inconnues et le résultat cherché est obtenu.
Cela provient de ce que, dans l’accrochage, la double
représentation intérieure de l’individu et de la scène évoquée
se confondent ; il y a subordination de l’une à l’autre et
entraînement fluidique ; l’expérience montre que l’accrochage
peut provoquer le sommeil somnambulique chez un sujet
prédisposé ; aussi ne doit-il être employé qu’à bon escient et
convient-il d’en surveiller attentivement les effets.
Dans les cas ordinaires, quelques mots suffisent pour
provoquer l’apparition de l’image spontanée, l’opération
durant cinq ou dix minutes à peine. Les mots doivent être bien

articulés, séparés entre eux par l’intervalle de temps nécessaire
au sujet pour analyser ses impressions, sans toutefois lui
laisser trop de répit, afin qu’il ne puisse s’égarer dans ses
propres images. Ils sont accompagnés de questions qu’on
multiplie de plus en plus, et qu’on pose sur la nature de
sensations éprouvées, de manière à obliger la personne à
s’analyser aussi subtilement que possible.
Comment doit se comporter l’opérateur
L’opérateur doit être lui-même parfaitement calme et se
dégager de toute idée préconçue, et même du souvenir de ses
propres expériences ; car il faut posséder une entière liberté
d’esprit pour percevoir les particularités inhérentes à chaque
sujet et dont il faut tenir compte dans l’application pratique du
principe qui sert de base au développement des facultés supranormales.
Certains mots conviennent mieux que d’autres ;
certaines inflexions de voix, certains temps hâtent l’apparition
de l’image inconnue. En restant neutre et attentif,
l’expérimentateur a non seulement l’intuition des mots les plus
favorables à dire, mais encore perçoit en quelque sorte l’état
psychique du sujet et en déduit des remarques inattendues et
fécondes. L’opérateur qui se montre nerveux, qui manque de
patience ou conserve des arrière-pensées, crée un courant
nuisible qui fausse les résultats et peut conduire l’expérience à
un échec certain.
Se dégager de l’influence de son
subconscient
L’apparition de l’image inconnue indique que la personne
commence à travailler en circuit ouvert, autrement dit qu’elle

est en mesure de projeter hors d’elle-même, directement, le
flocon fluidique qui constitue l’image, de se dégager de
l’influence de son subconscient et d’être sensible à des
vibrations émanées de sources extérieures. On obtient ce
dégagement définitif par concentration sur la dernière image
provoquée ; à cet effet, on questionne le sujet, en tous détails,
sur les caractéristiques de ce qu’il a vu ou entendu ; autrement
dit, s’il s’agit d’une perception visuelle, on lui demande de
décrire la forme des objets représentés, leur couleur, leur
situation respective, leur ambiance, le sens de la scène ; bref on
lui fait examiner toutes les nuances, comme si on voulait se
rendre compte aussi exactement que possible de la perception.
En réalité, ce procédé l’oblige à nourrir l’image de son propre
fluide, ou, si l’on préfère, intensifier sa vibration. L’image
envahit alors le champ de la conscience, s’éloigne du
subconscient, poussée en quelque sorte par les questions de
l’opérateur, et réveille sur son passage des vibrations
nouvelles qu’elle transmet à la conscience et qui se traduisent
sous forme de sensations ou de scènes inconnues. Toutefois,
cette concentration n’est possible que si l’image se maintient
dans le champ de la conscience. Or, au début et chez certaines
personnes, elle surgit comme un éclair et disparaît en ne
laissant qu’un souvenir fugitif. On apprend au sujet à la fixer
par le même procédé que pour la concentration, c’est-à-dire
qu’on l’invite à se rappeler l’image, puis on demande de la
préciser, et au besoin de compléter d’elle-même les détails
manquants, en notant l’impression rapide qui la traverse à
chaque question. Par exemple, si l’image a été celle d’une
voiture dont elle ne distinguait pas l’attelage, on lui dit : avezvous
la sensation qu’elle comporte un ou deux chevaux ?
Quelle est leur couleur à votre idée ? On change l’image dès

qu’on sent l’effort, et, au bout d’un temps très court, on obtient
le degré de fixité qu’on désire ; le cas contraire prouverait que
le sujet est en proie à des préoccupations qu’il faudrait chasser.
Le monde qui entoure le subconscient étant illimité,
l’image projetée par concentration voguerait au hasard, si on
ne prenait soin de l’orienter ; or, c’est précisément la nature de
cette orientation qui, comme nous l’avons déjà dit, va
déterminer telle ou telle faculté supra-normale. Le processus
qui vient d’être indiqué constitue la première phase du
développement ; celui de l’orientation forme la seconde phase.
La première est commune à toutes les facultés, nous n’aurons
plus à y revenir. La seconde varie, au contraire, avec chacune
d’elles et nous allons l’indiquer pour chaque cas.
La voyance
Prenons pour commencer, la plus simple des facultés
supra-normales, à savoir la voyance directe ou double vue. On
sait qu’elle consiste dans la vision en pleine conscience d’un
lieu ou d’une scène éloignée que le sujet ne connaît pas, ou
encore dans une lecture de pensée, ou dans la perception du
caractère et des intentions d’une personne inconnue et hors du
champ visuel ou auditif. Par exemple, dans un cas observé, un
jeune homme habitant la France prend une lettre de sa soeur
qui demeure en Russie, et au contact de l’enveloppe décrit
l’appartement occupé par cette dernière et qu’il n’a jamais vu.
Sa mère qui est présente, et qui connaît la demeure, trouve la
description exacte, exception faite pour une tapisserie, mais la
lettre suivante de la soeur annonce un changement dans la
tapisserie qui confirme la vision du jeune homme. Autre

exemple : je demande à un sujet de me décrire le physique et le
caractère de personnes qui doivent m’être présentées et que ni
lui ni moi ne connaissons. Il m’en donne une description que
la vue ultérieure des personnes confirme pleinement.
Comment provoquer le phénomène
Pour faire naître la faculté de la double vue, il suffit, en
principe, d’établir une association entre l’image, point de
départ, et le lieu ou la personne qu’on désire faire voir. Pour
cela, on évoque dans le cerveau du sujet toutes les transitions
nécessaires, de manière à lui donner un fil conducteur. Par
exemple, si je lui demande de visiter le bureau de M. X., qu’il
ne connaît pas, mais que je connais, je lui dis de penser à moi,
puis à M. X. par mon intermédiaire, ensuite à la maison de X.,
enfin à son bureau. Comme le sujet n’est plus dans son
subconscient, en vertu des opérations préliminaires, la pensée
de ma propre image le conduit à percevoir, non les
associations qui sont dans son souvenir, mais celles qui me
sont personnelles, et entre autres celles de X. que je lui ai
suggérées. Il entre ainsi dans mon ambiance, passe ensuite
dans celle de X., de là dans celle de la maison et finalement
prend notion du local qui lui est indiqué ; les détails du bureau
surgissent alors spontanément et il n’a que l’embarras du
choix pour les décrire. Cette opération est plus facile qu’on ne
le pense. Lorsque la personne est douée pour la voyance, cas
fréquent pour la femme, le phénomène de double vue se
manifeste presque immédiatement ; il arrive même que les
images spontanées et inconnues évoquées par les premiers
mots de l’opérateur, dans la phase du début, correspondent à
des lieux ou des scènes réelles, totalement ignorés du sujet. Le
25
mot château, par exemple, fait surgir l’image d’un château
existant réellement en France ou ailleurs, que le hasard des
courants a relié au cerveau du sujet, et on vérifie par la suite
que l’image est conforme à la réalité, ou que la scène
s’accomplissait effectivement au moment de la vision. Lorsque,
au contraire, la personne est difficile à entraîner, on opère sur
un champ plus restreint que celui que j’ai indiqué d’abord ; on
multiplie les transitions et les associations de détail. On
commence à lui faire visiter un lieu familier et proche, comme
une pièce voisine de celle où elle se tient, puis un local moins
connu et ainsi de suite. Cette méthode progressive réussit
toujours, pourvu que le sujet et l’expérimentateur aient la
patience voulue ; ce n’est qu’une question de transition.
Que faire en cas de difficultés ?
On peut néanmoins se heurter à deux grosses difficultés.
D’abord lorsque le sujet, au lieu de se laisser conduire
passivement, fait un retour sur lui-même. Il rentre alors dans
son subconscient et ne trouve plus comme association que ses
propres images, le fil conducteur est coupé. Cela arrive lorsque
l’opérateur manque de calme et de précision et que la
personne est vive, susceptible ou nerveuse, ou encore
lorsqu’un des assistants pose une question impromptue, ou
que des bruits dans l’entourage détournent l’attention ; surtout
enfin lorsque le sujet raisonne l’opération et doute de son
efficacité, soit par manque de confiance en lui-même, soit par
l’effet de ses lectures. Dans ce dernier cas, imprégné des idées
courantes sur le psychisme, idées plus ou moins justes, il
commente ses impressions, les critique et veut les expliquer
par les hypothèses qu’il connaît. Naturellement il travaille en
26
circuit fermé, et tout est à recommencer. On remédie à cette
difficulté en arrêtant l’expérience et en insistant auprès de la
personne pour qu’elle reste aussi passive que possible, et
comme elle doute le plus souvent de la réalité de ses
impressions subjectives, on s’efforce de lui faire bien
comprendre que le point de départ à l’entraînement aux
facultés supra-normales étant obligatoirement pris sur ellemême,
les premiers phénomènes supra-normaux sont
imprégnés de souvenirs et mêlés aux phénomènes normaux
de l’imagination.
Le retour au subconscient se produit encore lorsqu’une
préoccupation plus ou moins consciente traverse la personne,
mais ceci est la conséquence d’un manque d’attention de
l’opérateur, qui a laissé trop d’intervalle entre deux questions ;
le sujet abandonné à lui-même a été repris par ses propres
influences. On le ramène à l’état neutre par des contre-images,
mais le mieux est de veiller sur soi-même et d’éviter toute
distraction, car une continuité suffisante ne laisse pas de place
aux préoccupations.
Comment rectifier lorsque le sujet fait
fausse route
La seconde difficulté provient de la facilité avec laquelle le
sujet peut s’égarer lorsqu’il est dégagé de son subconscient. Le
lien qui lie sa pensée aux images du lieu qu’on veut lui faire
examiner est ténu et subtil ; des courants contraires engendrés
par l’ambiance ou par des centres énergétiques de conscience
insoupçonnée peuvent le briser ou le détourner ; d’autre part,
chaque image s’associe à une infinité d’autres images qui

possèdent, chacune à leur tour, une infinité d’associations. La
personne peut être entraînée hors de la voie qu’on lui suggère
et avoir une vision erronée. Par exemple, elle verra dans une
maison un escalier qui n’existe plus, ou qu’on a projeté sans
l’exécuter ; elle observera des images et des scènes parasites
qui se mêleront à la réalité. On évite cet inconvénient en
observant attentivement les réponses et en les comparant avec
celles que les précédentes expériences de double vue ont
permis de contrôler, de manière à se rendre compte de
l’instant où le sujet fait fausse route et à pouvoir le rectifier. En
outre, on prend soin de s’exprimer clairement, nettement, et
d’évoquer des associations logiques. Nous verrons d’ailleurs
un peu plus loin, à propos de l’exploration des mondes
invisibles, un procédé qui permet d’obtenir une vision de
double vue exacte.
On sait que certaines personnes obtiennent des
phénomènes de double vue en endormant le sujet par des
passes magnétiques et en lui mettant dans les mains, comme
fil conducteur, un objet provenant du lieu qu’on veut lui faire
voir. Le sommeil lucide rentre dans les phénomènes
psychiques et permet également de faire apparaître certaines
facultés supra-normales, mais il est inférieur au procédé
exposé dans cette étude, c’est pourquoi je le passe sous silence,
préférant présenter une méthode inconnue et beaucoup plus
féconde. Le sommeil lucide a, en effet, l’inconvénient de
fatiguer rapidement le sujet, de l’orienter dans des courants
inférieurs et de ne pas le laisser agir en pleine conscience, si
bien qu’au réveil il ne se souvient pas de ses visions. De plus,
pour répondre aux questions qu’on lui pose, il est obligé, la
plupart du temps, de traverser des courants complexes et

souvent pénibles qui égarent et le rendent très difficile à
diriger. Cette direction ne peut d’ailleurs s’obtenir, dans un
certain nombre de cas, que par un contact matériel, par
exemple par le toucher d’un objet ayant appartenu à la
personne qu’on veut lui faire voir ; ce moyen inférieur et
dépourvu de contrôle dans ses effets est inutile avec la
méthode que j’expose. Ajoutons enfin que celle-ci permet, si
l’on veut, de pousser le sujet jusqu’au sommeil ; il suffit
d’accentuer la concentration de pensée et d’augmenter ce que
j’ai appelé l’accrochage : les images deviennent, dans ce cas,
assez puissantes pour entraîner le sujet et le conduire à cette
sorte d’extériorisation qu’on appelle le sommeil
somnambulique ; de cette manière, on évite les passes
magnétiques, on ne prive pas le sujet de sa conscience et on
garde toute facilité pour le réveiller.
Entraînement à la lecture de la pensée
Le procédé qui vient d’être indiqué concerne
l’entraînement à la double vue des localités ; il est de même
pour la lecture de la pensée et la perception des caractères. Il
consiste à établir les associations nécessaires entre l’image de
départ et la personne à étudier. Lorsque le sujet est
convenablement entraîné, l’association se réduit à la simple
prononciation du nom de celui qu’il doit visiter, même quand
on ne le connaît pas et qu’on ne l’a jamais vu. Le nom fait
immédiatement surgir l’aspect de la personne et en permet
une description physique très exacte ; le sujet passe ensuite à
l’examen moral et peut faire une peinture du caractère et des
tendances aussi complète qu’on le désire. Le degré de
précision des réponses dépend uniquement de sa culture

littéraire. J’ai constaté maints cas où la personnalité était
décrite avec une justesse supérieure à ce qu’en pouvaient dire
ses intimes. Le fait qu’il suffit de prononcer simplement le nom
d’une personne pour provoquer une peinture aussi
approfondie qu’on le veut de sa nature, suscite un véritable
étonnement chez ceux qui assistent aux manifestations de la
double vue et provoque l’incrédulité chez les autres. On peut
s’expliquer aisément la chose en se rappelant que le cerveau
fonctionne comme un appareil de télégraphie sans fil et, de ce
fait, peut s’accorder avec tel ou tel centre d’émission et de
réception.
L’individualité qu’il s’agit d’examiner est un centre
d’émission et de réception ; son nom constitue le mot qui
présente le plus d’associations possibles dans son
subconscient et qui met en jeu le plus d’images ; sa
prononciation détermine une onde vibratoire qui réveille par
affinité ses propres vibrations et engendre un courant qui le
relie au sujet. La vitesse de propagation de ces ondes étant telle
que la distance ne compte pas, tout se passe comme si le sujet
était contre lui et dans son aura.
L’entraînement des autres sens
Nous n’avons fait allusion qu’aux images visuelles, mais la
faculté s’étend aux autres sens ; le sujet peut aussi bien
percevoir les sons, les odeurs, les paroles éloignées.
L’entraînement se fait de même, mais avec un peu plus de
difficulté ; on porte l’attention sur les images auditives ou
olfactives au lieu de le faire sur des images visuelles. Certains
sujets ne peuvent séparer l’impression auditive de
l’impression visuelle. Dans des séances de double vue faites

pendant la guerre, le sujet voyait le combat et en même temps
entendait le bruit du canon, le cri de colère ou de triomphe des
hommes, le roulement des voitures.
La double vue est la faculté la plus facile à obtenir et la
moins intéressante, comparativement aux autres. Elle peut
servir les intérêts pratiques, mais nullement la connaissance,
car elle n’apporte aucun élément qu’on ne puisse obtenir par
d’autres voies. Son principal avantage est de démontrer avec
évidence l’existence des facultés supra-normales. Le sceptique
qui vérifie la réalité d’une scène décrite par la voyante et qui
s’accomplit au moment même de la vision à mille lieues de
distance, cesse obligatoirement d’être incrédule.
Rétrospection et prémonition
Envisageons maintenant le développement d’une autre
faculté supra-normale, celle de la vision rétrospective ou
prémonitoire. Dans ce cas, le sujet décrit des événements qui se
sont accomplis dans un passé lointain ou dépeint des scènes
qui se réaliseront dans le futur. En voici un exemple : je
demande à une des voyantes qui travaillent avec moi
d’envisager dans le passé et l’avenir les moyens de
communication auditive à distance, qui se traduisent
actuellement par le téléphone. Pour le passé, elle a la vision
lointaine des nègres s’orientant d’abord d’après le soleil, puis
se couchant sur le sol et entendant des sons transmis par les
courants magnétiques de la terre ; elle ajoute que c’est ainsi
que certains peuples sauvages actuels ont pu communiquer
des messages à grande distance avec une rapidité demeurée
inconcevable pour les Européens. Pour l’avenir, elle voit que
les hommes converseront à distance en utilisant un appareil,

grand comme une montre, fonctionnant au moyen d’ondes
analogues aux ondes hertziennes et leur permettant de causer
avec leurs amis, même en se promenant dans la rue. Il leur
suffit d’amener une aiguille sur le chiffre correspondant à
l’ami, et d’attendre en conservant l’appareil dans la main.
L’ami entend le bruit d’un clapet produit par son appareil
similaire, saisit celui-ci et les vibrations se transmettant par les
courants nerveux du bras, tous deux peuvent causer, comme
s’ils marchaient côte à côte, sans avoir besoin de porter
l’instrument près de l’oreille ou de la bouche. La voyante
annonce d’ailleurs qu’une série d’appareils moins parfaits sera
inventée au préalable. Je lui demande ensuite de se reporter,
non dans quelques siècles, mais dans quelques milliers
d’années. L’appareil qu’elle vient de décrire lui apparaît alors
comme très grossier et abandonné depuis longtemps ; les
hommes n’ont plus besoin d’instruments pour converser au
loin ; leur équilibre psychique est devenu tel qu’ils peuvent
échanger leurs pensées à distance par la simple volonté ; ils
réalisent tous normalement la faculté de la clairvoyance et de
la clairaudience. Toutes ces descriptions ne sont évidemment
pas contrôlables en raison de l’intervalle de temps envisagé,
mais la voyante dépeint aussi bien des événements
rapprochés dont on peut vérifier la réalisation. La guerre de
1914 me fut ainsi annoncée par avance avec son allure
générale et quelques-unes de ses phases : par exemple,
l’attaque du Chemin des Dames, qui eut lieu fin mai 1918, me
fut pronostiquée en janvier avec l’indication qu’il y aurait
rupture du front, angoisse générale, arrêt de l’ennemi à temps,
et qu’ensuite le Généralissime abattrait toutes ses cartes et, du

coup, forcerait les Allemands à la retraite, à l’époque des
premières flambées.
Les visions du passé et celles de l’avenir
sont-elles différentes ?
Il y a cependant une différence essentielle entre les visions
du passé et celles de l’avenir. Les premières sont les plus faciles
à obtenir, parce qu’elles concernent des événements réalisés,
dont les images composantes sont, par conséquent, associées
définitivement. Les secondes exigent un effort de combinaison
et n’apparaissent que comme des possibilités ou des tendances
; elles ne diffèrent pas des autres images par la netteté visuelle,
qui ne dépend que du rétrécissement plus ou moins grand de
la conscience, mais par la manière dont se fait la résultante des
courants, qui par leur convergence provoquent l’apparition de
la scène à venir. Le sujet perçoit, en effet, dans l’ambiance de
toute personne un amas d’images flottantes, qui impliquent
différentes possibilités d’événements futurs selon leur
situation respective et dont les combinaisons finales
dépendent d’influences multiples. C’est pourquoi le sujet, dans
la prémonition, est obligé d’établir une sorte de jugement
instantané pour fixer l’association probable des éléments qui
rentrent dans la question posée ; il opère comme pour les
jugements ordinaires, avec cette différence qu’il possède des
moyens d’appréciation plus subtils et plus profonds que ceux
dont nous disposons dans la vie courante. Dans certains cas, le
travail d’appréciation lui est évité, et il n’a qu’à regarder ;
l’image de la scène future se présente d’elle-même dans le
champ de la vision interne ; cela se produit lorsque
l’événement à venir est nettement écrit dans le mental de ceux

qui vont le réaliser, ou lorsqu’il est une forme pensée émanée
de centres de conscience qui ont déjà fait le travail de
combinaison, ou enfin lorsqu’il a un caractère de fatalité. Mais,
en général, les voyantes ne considèrent jamais l’avenir comme
rigoureusement déterminé ; c’est pourquoi les prémonitions
comportent souvent des erreurs et doivent toujours être
envisagées comme de simples probabilités. Ainsi les
pronostics qui m’ont été faits sur la guerre ne se sont pas tous
réalisés ; par exemple, plusieurs voyantes n’ont pas eu
conscience de la révolution russe et voyaient la fin de la guerre
déterminée par les armées russes ; leurs combinaisons
s’étaient faites avec des éléments incomplets.
Entraînement à la rétrospection et à la
prémonition
Le développement de la vision rétrospective ou
prémonitoire commence, comme nous l’avons expliqué, par
l’évocation d’images concrètes et par leur concentration
successive, de manière à dégager le sujet de son subconscient.
Lorsque cette phrase de début est terminée, au lieu de faire
dériver l’image dans une direction déterminée par une série
d’associations suivant le procédé indiqué pour la double vue,
on la maintient, au contraire, dans le champ de la conscience ;
puis on invite le sujet à l’envisager avec un effort de mémoire,
comme on fait dans la pratique du souvenir ; ou encore à la
considérer avec un effet de recul. On fait ainsi surgir, non plus
les associations du présent, comme dans le cas de la double
vue, mais celles du passé. En effet, la concentration de pensée
34
maintenue sur l’image fixe celle-ci comme pivot, et la pensée
du souvenir réveille toutes les associations antérieures. Cellesci
se présentent dans leur ordre successif, mais la successivité
est une opération du temps, il y a un effet de perspective
temporale et, par conséquent, vision du passé ; l’époque se
trouve déterminée par la façon dont on fixe le point de vue. On
facilite le travail mental du sujet en commençant par l’image
d’un objet familier sur lequel on pose une série de questions,
jusqu’à ce que le sujet arrive à la limite de ses souvenirs ; à
partir de ce moment, on le pousse encore, et d’une manière
analogue, mais en lui demandant d’être aussi passif que
possible et de saisir au passage toutes les impressions, si
fugitives qu’elles soient, que suscitent les demandes.
Comment pratiquer
Au besoin on l’aide par quelques questions sur le passé
présumé de l’objet, en prenant soin de ne jamais le laisser
chercher par lui-même et de faire acte d’imagination active, car
l’image réponse doit apparaître dans le champ de sa
conscience spontanément et sans peine. On arrive toujours au
résultat voulu, et beaucoup plus facilement qu’on ne le pense,
pourvu qu’on fasse passer le sujet par les transitions
nécessaires. Supposons, par exemple, que le sujet soit une
musicienne ; on concentre sa pensée sur son piano, on lui en
fait rappeler l’historique plus ou moins rapidement, puis par
entraînement on l’invite à se représenter son piano avec une
pensée d’origine. Cela fait surgir une idée de construction dans
son cerveau et, comme elle est hors de son subconscient, elle
perçoit des impressions, qui sont provoquées par le réveil des
images du passé et qui lui permettent de relater ce qui s’est
35
passé à la construction. Une personne qui travaillait avec moi
ce genre de faculté pour la première fois, vit de cette manière,
et de suite, surgir deux auras qu’elle reconnut pour être celles
des ouvriers qui avaient fait le piano : le menuisier et le poseur
de cordes. Cela lui permit de dépeindre leur caractère. Elle
aurait détaillé aussi facilement les circonstances du milieu dans
lequel s’était faite la construction du piano, si j’avais insisté.
Quelques particularités de la prémonition
La vision du futur s’obtient de même, avec cette différence
qu’on invite le sujet à regarder l’objet, non plus avec un effet de
recul, mais avec la pensée d’une avance dans le temps. Le sujet
pressent les images en formation, les combine instinctivement
et voit leur résultante. Cette résultante constitue une
prémonition dont la possibilité de réalisation dépend de la
manière dont elle s’est faite. En principe, les images se
combinent entre elles en raison de leurs intensités, de leurs
affinités et de leur contraste respectifs, et non par ordre de
succession ; le temps n’apparaît pas et c’est pourquoi il est
difficile aux voyants de prédire la date d’un événement ; la
successivité qui permettait de préciser les époques dans les
visions du passé n’existe pas pour le futur, puisque
l’événement peut être retardé ou avancé par les volontés et ne
se situe que d’une manière incertaine dans le temps. La
combinaison des images dépend encore de leur nombre, de
leur importance réciproque, de la facilité avec laquelle ses
éléments caractéristiques peuvent être appréciés, du caractère
de l’événement futur. Il faut donc un certain degré
d’entraînement pour établir une prémonition compliquée. Il
est évident qu’une personne, au début, ne peut embrasser
36
qu’un nombre d’images restreint et que la probabilité de voir
sa prémonition réalisée est très faible. On aide le sujet en
l’exerçant à grouper les images, en dirigeant son attention sur
les à-côtés de la question et en le ramenant sur celle-ci par des
points de vue différents, de manière à lui faire trouver des
contrôles par lui-même. La manière de guider le sujet joue un
rôle prépondérant dans la valeur de la prémonition.
Peut-on communiquer avec d’autres
mondes ?
Nous allons maintenant aborder le développement de la
faculté supra-normale qui permet l’exploration des mondes
invisibles. On réalise la phase du début, puis au lieu de diriger
le sujet au moyen d’associations successives, on le laisse
s’orienter de lui-même en l’invitant à tourner autour de
l’image, ou à laisser celle-ci fermenter en quelque sorte dans sa
pensée, puis à chercher parmi les impressions fugitives et plus
ou moins faibles, qui traversent sa conscience, celle qui lui
semble ou la plus curieuse, ou la plus étrange, ou la plus
remarquable. On lui fait préciser sa vision en lui demandant
tous les éclaircissements nécessaires aussi bien sur la scène
elle-même que sur ce qui peut se rapporter à elle. On voit alors
surgir des visions inaccoutumées, de plus en plus curieuses et
accompagnées de sensations inconnues dans l’état ordinaire.
Les précautions à prendre
Il importe alors de prendre un certain nombre de
précautions. En premier lieu, il faut observer les réponses sans
idées préconçues. Nous sommes tous imprégnés des
37
phénomènes, des scènes, des paysages et des lois de notre
monde ; aussi concevons-nous difficilement ce que nous
n’avons jamais vu ni ressenti, et sommes-nous tentés de rejeter
les descriptions que nous donne le sujet au lieu de les
approfondir. La voyante elle-même est souvent si surprise de
sa vision qu’elle n’ose pas la dépeindre. Invariablement, il faut,
dans les premières séances, insister pour que le sujet décrive ce
qu’il perçoit, car les choses qu’il voit, les spectacles auxquels il
assiste lui semblent bizarres ou inconcevables ou incohérents ;
il est dans la situation d’un habitant d’une autre planète qui
tomberait au milieu de nous et qui serait vraisemblablement
ahuri en observant nos objets familiers, nos costumes, nos
moeurs ; il les trouverait probablement absurdes tant qu’il n’en
aurait pas compris les liens logiques. Il faut poursuivre l’étude
de ce genre de vision pour apercevoir la raison d’être de ce qui,
au début, paraissait n’être qu’une fantaisie imaginative, et
entrevoir tout un monde de lois nouvelles et de vies
insoupçonnées. Il est donc indispensable de rester neutre et de
ne pas s’étonner en écoutant le sujet, afin d’être en mesure
d’assimiler les spectacles décrits, de les rapprocher entre eux et
d’établir les comparaisons qui permettent de les relier et de les
comprendre.
Comment orienter le sujet avec succès
Cette première précaution observée, il faut se soumettre à
une nouvelle obligation, non moins indispensable, qui consiste
à maintenir le sujet dans l’ambiance de la vision, à éviter les
interrogations décousues et surtout à ne pas sauter d’une
question à une autre sans préparation. Il faut toujours
intercaler un état de repos entre deux demandes différentes.

Par exemple, si le sujet décrit un espace peuplé d’êtres divers et
composé d’étendues formées de colorations spéciales, on
envisage un élément de la scène sur lequel on fait donner tous
les éclaircissements utiles, puis on passe à l’élément suivant,
sans brusquerie et ainsi de suite, de proche en proche, jusqu’à
ce qu’on juge bon de changer la nature de la demande. On
prévient alors le sujet de quitter sa vision et de se reposer, et on
attend que lui-même ait indiqué qu’il s’est préparé au
changement. Cette opération finit par se faire très rapidement ;
le repos avec l’habitude ne dure que quelques secondes, mais il
est indispensable ; autrement il en résulterait pour le sujet une
fatigue croissante et des confusions qui ne tarderaient pas à le
décourager. On comprend aisément qu’un appareil électrique
ultra-sensible ne pourrait recevoir différentes communications
sans désordre, s’il n’était accordé avec chacune d’elles après
chaque changement, de manière à différencier et à séparer les
ondes reçues. Il en est de même pour la psyché humaine ;
malheureusement la plupart de ceux qui interrogent une
voyante, ignorent cette règle et questionnent au hasard de
leurs impressions : c’est une des raisons pour lesquelles ils ont
souvent des résultats décousus et contradictoires.
En laissant le sujet s’orienter de lui-même et en prenant les
précautions qui viennent d’être indiquées, on obtient non
seulement des visions curieuses et inédites, mais encore des
visions de qualités différentes. On sait qu’indépendamment de
la représentation qu’elle fait surgir dans l’esprit, l’image donne
une impression qualificative ; elle paraît lourde et grossière, ou
ténue et subtile ; et est par elle-même agréable ou désagréable,
esthétique ou laide et présente toutes les nuances possibles
entre ces deux caractéristiques extrêmes. L’image d’un
39
parterre de fleurs peut donner une sensation d’opacité ou de
fluidité, de couleurs matérielles ou de lumières colorées
infiniment douces, de vulgarité ou d’harmonie. En parcourant
la gamme ascendante de ces impressions, le sujet a le
sentiment de traverser les plans successifs formés de matières
de moins en moins denses, et de sentir des vibrations de plus
en plus harmonieuses en montant vers une lumière toujours
plus admirable. Cette particularité des images donne lieu à
une nouvelle possibilité d’erreur dans les réponses et à une
nouvelle difficulté pour l’expérimentateur. En effet, l’image
évoquée par le mot prononcé prend, suivant les circonstances
et selon la disposition du sujet, un certain degré de qualité qui
a pour effet de situer ce dernier dans le plan correspondant. La
vision qui se développe ensuite constitue, en général, un
élément d’exploration du plan, mais il peut arriver que, par
l’effet des questions ou de son état psychique, le sujet change
inconsciemment de plan ; comme les modalités de deux plans
distincts sont différentes, il se produit une perturbation dans le
jeu des images, la vision devient erronée, et les indications
données sont trompeuses. On s’en aperçoit par une certaine
discordance qui se manifeste dans l’association des images et
par la qualité comparative des impressions ressenties.
Le double jeu de la descente et de la
montée
On remédie à cet inconvénient en apprenant au sujet à «
monter ou descendre », de manière à pouvoir le ramener dans
un plan déterminé. On obtient l’état psychique de montée par
la représentation imaginative d’une ascension réelle. On
évoque l’image d’une échelle, d’un escalier ou d’un char
40
volant, puis on incite le sujet à se placer en imagination sur
l’un de ces objets et à s’élancer par ce moyen dans l’espace. La
représentation de la montée détermine un sentiment intérieur
d’élévation véritable qui se caractérise par un changement
complet dans la nature des visions. Si le sujet est déjà entraîné
au développement d’une des facultés supra-normales, on lui
demande simplement de se concentrer, puis de s’alléger,
auquel cas il a le même sentiment d’ascension et de
transformation de sensation, avec cette différence que
l’opération est beaucoup plus rapide. L’état psychique de
descente s’obtient de même. Le double jeu de la descente et de
la montée permet de ramener un sujet dans le plan qu’il a
quitté incidemment, mais comme l’opération est difficile, à
cause des oscillations, et nécessite beaucoup d’expérience et
d’habileté, il est préférable d’éviter la fugue du sujet hors de
son plan d’études. On y parvient en l’observant attentivement,
ou, autrement dit, en restant en pensée avec lui. Comme toute
pensée provoque l’émission d’un amas fluidique, en opérant
de cette manière, on détermine un courant sur lequel le sujet
prend appui pour observer ses images et les retenir.
L’expérimentateur constate, en effet, que toute distraction de
sa part est accompagnée d’un fléchissement dans la vision, ou
d’une variation anormale dans la contexture des images, et en
général, d’une descente dans un plan inférieur.
L’entraînement du sujet à monter ou à descendre, en
d’autres termes à être sensible au degré de subtilité et
d’harmonie des vibrations, ne permet pas seulement de le fixer
dans le même plan, mais encore lui donne le moyen de faire
une exploration aussi étendue que le permet son état
d’évolution, car la hauteur d’ascension dépend du degré
41
d’évolution. De plus, il facilite l’exercice de la double vue et de
la vision dans le temps. Dans la double vue obtenue par
opération directe, c’est-à-dire par le procédé que nous avons
indiqué, l’abondance des associations, qui se font autour d’une
image, peut entraîner des confusions dans les courants
engendrés par les images en affinité et, par là, égarer le sujet.
Aussi est-il préférable de faire monter au préalable le sujet
dans un plan harmonieux, au lieu de le diriger dans le plan
inférieur des visions matérielles. Dès que cette opération est
réalisée, on attend qu’il s’y soit stabilisé, puis on lui indique le
lieu ou la personne qu’on désire lui faire étudier. Chaque
image ayant sa correspondance dans tous les plans, celles qui
sont corrélatives au lieu ou à la personne ont leur
représentation dans le plan supérieur où le sujet s’est situé,
mais avec une sorte de transposition d’ordre esthétique ou
métaphysique. Par l’effet de la question, le sujet s’oriente sur
cette représentation, mais sans erreur, à cause de l’harmonie
du plan, puis, par l’opération de descente, fait instantanément
la transposition inférieure, c’est-à-dire qu’il se trouve du coup
dans le plan des visions matérielles et en contact dans ce plan
avec les images adéquates au lieu ou à la personne. Il opère
ainsi comme un voyageur qui, pour atteindre un certain lieu
dans une vallée difficilement accessible, monte d’abord sur le
sommet de la montagne avoisinante. De là, il embrasse tous les
détails de la vallée, repère le point qu’il a choisi et descend
directement dessus, évitant ainsi de contourner le bas de la
montagne et de traverser les marécages, les haies, les
fondrières et autres obstacles qui, masquant sa vue, lui font
perdre le sens de sa direction et peuvent l’égarer. C’est
pourquoi le sujet conduit de cette manière peut réaliser une
voyance précise et digne de confiance. L’opération est plus
42
longue que par la méthode directe, mais elle donne des
résultats certains.
Contacter des extra-terrestres
L’exploration de l’invisible nous montre l’existence de
mondes en nombre indéfini, peuplés d’une innombrable
variété d’êtres, ou centres énergétiques conscients. Certains de
ces êtres entrent en communication avec le sujet par la pensée,
l’éclairent et le guident dans son exploration, mais d’autres, au
contraire, cherchent à le tromper ou à l’égarer. Cela dépend de
la nature de ces êtres, de la qualité du milieu dans lequel le
sujet s’est élevé, du but poursuivi par le sujet et de son état
psychique. Aussi est-il nécessaire dans ces explorations de
prendre garde à l’influence toujours difficile à démêler que ces
centres conscients peuvent exercer sur les visions.
Le contrôle direct des descriptions faites par les sujets,
facile dans le cas de double vue, n’est pas toujours possible par
les visions rétrospectives ou prémonitoires, et devient
inexécutable dans l’exploration du monde invisible. On peut
alors se demander ce que valent les descriptions de la voyante
et, en supposant même qu’elles comportent une part de vérité,
comment on peut distinguer le vrai du faux et reconnaître le
rôle de son imagination propre, c’est-à-dire de l’emploi qu’elle
peut faire de son subconscient. Cette objection a arrêté
beaucoup de chercheurs ; elle est cependant plus apparente
que réelle et provient de ce que nous connaissons très mal le
fonctionnement de l’imagination. Il y a tout intérêt à ne pas s’y
arrêter : en effet, si on évite que le sujet ne travaille en
imagination active, ce qui se fait aisément avec un peu
d’expérience, on obtient des images spontanées qui
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proviennent, soit d’une source inconnue, et, dans ce cas, elles
sont toujours intéressantes à creuser, soit du jeu instinctif du
subconscient comme dans le rêve. Mais là encore il y a matière
à observation, car on se trouve dans des conditions qui
permettent de guider le rêve, par conséquent de l’expérimenter
et de déterminer ses lois, ce qui n’a pu être entrepris que très
difficilement jusqu’ici. Il y a donc toujours intérêt à étudier le
monde des images inconnues qui surgissent dans la voyance,
non seulement parce qu’il peut en résulter la connaissance de
lois nouvelles, mais encore parce que le sujet perçoit des
impressions étranges et éprouve des émotions parfois très
belles et très puissantes qui valent la peine de leur recherche.
Faire des recoupements
Cet intérêt devient encore plus évident si l’on considère
qu’en employant la méthode des recoupements on peut savoir
quelle garantie il convient d’accorder aux visions non
contrôlables directement. On sait qu’en topographie on
détermine la position d’un point inaccessible en dirigeant sur
lui plusieurs visées faites sur une base bien déterminée. La
première visée donne sur le dessin une ligne qui passe par le
point, mais ne le situe pas ; les autres visées déterminent une
série de lignes qui passent également par le point et celui-ci
étant nécessairement sur toutes les lignes, se trouve sur leurs
points d’intersection et est exactement fixé en position par le
centre de la petite figure géométrique formée par ces points
d’intersection. Eh ! bien, nous allons procéder d’une manière
analogue pour les visions inaccessibles à notre contrôle direct.
Nous considérerons en premier lieu comme fait positif les
mots prononcés par la voyante, sans nous occuper de leur

sens plus ou moins singulier ; ce sera la base de notre système.
En second lieu, nous orienterons plusieurs voyantes sur le
même genre d’images, étant entendu que chacune d’elles
ignorera ce que les autres ont pu dire. En troisième lieu, nous
changerons les opérateurs pour éviter toute lecture de pensée.
En quatrième lieu, nous comparerons les résultats obtenus et
nous ne conserverons que les résidus, c’est-à-dire les
descriptions similaires. En cinquième lieu, nous examinerons
le degré de concordance de ces résidus entre eux et leur degré
de compatibilité avec les expériences faites par d’autres
opérateurs, non seulement dans le présent, mais encore dans
le passé. En résumé, nous étudierons le même groupe
d’images en changeant les voyantes et les expérimentateurs,
de manière à éliminer leur influence personnelle, et nous ne
retiendrons que les résultats identiques. Ces résultats, par le
fait qu’ils sont indépendants des observateurs, logiques et en
concordance avec ceux que donnent les études similaires,
doivent évidemment correspondre à une réalité, car nous ne
pouvons savoir qu’un objet est hors de nous et non une
illusion de nos sens, que lorsque sa perception est commune à
tous.
La patience est nécessaire
Cette méthode des recoupements a donc un caractère
nettement scientifique et nous permet de reconnaître ce qu’il
faut retenir dans l’exploration du monde invisible. Elle est
longue et demande de la patience ; plusieurs années
d’intervalle sont quelquefois nécessaires pour retrouver des
visions comparables, mais elle permet tôt ou tard de
déterminer finalement ce qu’il faut rejeter ou conserver. Elle
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indique qu’une vision isolée n’a qu’une faible importance et ne
prend de valeur que par sa concordance avec d’autres images.
Les visions sont semblables aux pièces d’un immense jeu de
patience qui ne présentent aucune signification lorsqu’elles
sont prises à part et ne prennent de sens que par leur
ajustement.
Interpréter les symboles
L’opération de montée ou de descente permet de donner à
la voyante nouvelle une faculté, celle du sens des symboles,
c’est-à-dire le don de les former ou de les interpréter. Nous
avons dit qu’une image reparaît dans les plans successifs avec
une sorte de transposition qui la fait passer progressivement
d’une représentation objective à une idée métaphysique. Par
exemple, un fauteuil sert au repos et en évoque la notion ;
inversement la pensée d’un repos confortable concrétisé
suggère l’image d’un fauteuil ; selon le plan envisagé, il y aura
l’idée de repos ou la forme matérielle de ce repos. Cette
corrélation du propre au figuré constitue la base des
métaphores et des ouvrages symboliques. Ces ouvrages,
reposant sur des conceptions trop subtiles ou trop profondes
pour être accessibles à la masse, expriment ces conceptions
sous une forme concrète, corrélative d’une série d’idées
abstraites. C’est ainsi que l’humanité possède en dépôt un
certain nombre d’oeuvres qui semblent en apparence ne
décrire que des faits appartenant à la vie courante et qui, en
réalité, cachent un symbolisme profond destiné à l’éclairer et à
la guider. L’interprétation qui en est difficile en l’état ordinaire
de nos pensées devient aisée par la voyance. On obtient cette
46
faculté tout simplement en invitant le sujet à se représenter
l’image symbolique, puis à descendre progressivement : il
perçoit alors le sens du symbole par dégradations successives.
Inversement, en faisant monter le sujet, on obtient des
réponses sous forme imagée : certains d’entre eux possèdent
cette faculté à un degré tel qu’ils ne donnent leurs réponses
qu’en mode symbolique.
Un instrument extrêmement sensible
Lorsqu’on invite la voyante à concentrer sa pensée sur une
image ou un groupe d’images, sans chercher à la faire dériver
par une association de pensées et qu’on la fait descendre en
examinant les éléments constitutifs de cette image, elle en
perçoit la caractéristique intime et en voit le mécanisme
interne. Il apparaît ainsi une nouvelle faculté qui consiste dans
la constatation immédiate des lois naturelles et leur
compréhension et qui donne, en conséquence, la possibilité de
poursuivre des recherches scientifiques avec des moyens
incomparables. La voyante constitue, dans ce cas, un
instrument admirable, extrêmement sensible, conscient de la
recherche et l’aidant intelligemment. Elle pénètre dans la
structure intime des choses, en prolonge la perception comme
on prolonge la vue du spectre dans l’infrarouge ou l’ultraviolet
et révèle au chercheur des aperçus insoupçonnés pour lui. Si la
voyante remonte ensuite le plus haut possible en maintenant
sa pensée sur l’image, elle la voit dans son essence et lui en fait
connaître le principe. Toutefois, cette nouvelle faculté
comporte une difficulté, ou plutôt une nécessité spéciale : il faut
que la voyante ou le voyant connaisse les éléments de la
science qu’il doit approfondir ; il est évidemment impossible

de poser un problème de mathématiques à qui n’en
comprendrait pas l’énoncé. De plus, il est malaisé de servir de
guide quand on tâtonne soi-même dans l’inconnu.
Un nombre indéfini de facultés
Cette faculté est la dernière que je puisse présenter, n’ayant
pas eu le loisir d’en étudier d’autres et ayant été absorbé par
celles que je viens d’exposer ; car celles-ci, non seulement sont
très captivantes, mais encore présentent un champ de
recherches illimité, surtout celle qui permet l’exploration de
l’invisible. On conçoit aisément par ce qui précède que la
psyché humaine peut acquérir un nombre indéfini de facultés.
Il peut en naître autant qu’il y a de manières d’orienter ou de
faire jouer l’image après concentration, et comme l’image
constitue en quelque sorte un petit monde avec des
ramifications en tous sens et qu’elle possède des facettes à
l’infini, elle offre un nombre illimité d’orientations, et de modes
de transformations qui se traduisent par autant de facultés.
Ménagez vos sujets
Aucun travail de l’esprit ne saurait persister au-delà d’une
certaine limite sans fatigue ; il convient donc d’arrêter les
séances de voyance au bout d’une heure ou deux : la durée
dépend de la nature du sujet, de son état psychique, des
circonstances et aussi de la variété des questions posées, car
leur multiplicité est une cause de fatigue. La voyante, bien
qu’elle garde pendant la séance une certaine conscience de
l’ambiance, est dans la situation d’une personne plongée dans
une profonde rêverie, que toute brusquerie fait sursauter. Il est
donc nécessaire de la faire passer de la vision intérieure à la vie

objective par des transitions dont le nombre et la nature
dépendent de l’intensité et de la profondeur de cette vision. A
cet effet, on l’invite à se représenter, sans à-coup et avec
rythme, des images de descente et de retour, tout en se
concentrant sur elle-même. On facilite son travail en lui
rappelant, en ordre inverse, les principales images qu’elle a
perçues en éliminant les visions désagréables s’il y en a eu, de
sorte qu’on lui présente en dernier lieu la première image de la
séance. A ce moment, on lui dit de se sentir dans son fauteuil
avec l’impression de position confortable qu’elle avait au
début, puis on lui fait la série des recommandations suivantes
qui ont pour but de régulariser les fluides et les courants
nerveux.
Pour régulariser les courants nerveux
Penser mentalement que la séance est terminée, en
évoquant en bloc les sensations et visions agréables
éprouvées, avec l’idée que l’effet bienfaisant demeurera en soi.
Respirer profondément et largement avec le sentiment que la
vie physique reprend avec force et rythme. Créer de soi-même
une image pleine de santé et imprégnée des courants de force
bienfaisante qui ont été traversés. Rentrer par la pensée cette
image en soi-même, comme si elle constituait un noyau de
santé et replier sur elle ses propres ondes. Penser que la
portion cérébrale située contre le front et près des deux yeux se
met au repos. Imaginer qu’on possède quatre corps fluidiques,
l’un blanc, le second électrique, le troisième bleu, le quatrième
formé de cercles concentriques de toutes couleurs ; se
représenter ces quatre corps rentrant successivement en soimême
et se superposant de manière à se confondre, le
quatrième se repliant et reliant les autres par ses cercles.

Rétablir les courants inférieurs en les faisant circuler en forme
de deux huit croisés, comme un trèfle à quatre feuilles et dans
l’ordre : bras gauche, jambe droite, bras droit, jambe gauche,
en envisageant successivement : le courant nerveux, le courant
sanguin, le courant lymphatique. Se représenter soi-même
exécutant différents mouvements de gymnastique. Rétablir la
vue physique en cherchant à voir derrière les paupières
fermées. Rouvrir les yeux derrière la main, qui continue à
masquer ou plutôt à tamiser la lumière. Retirer enfin cette
main qui a dû rester sur les yeux pendant toute la séance et qui
ne doit être retirée qu’en dernier lieu, sous peine de maux de
tête.
Ce travail de rentrée des fluides nerveux doit être fait avec
le plus grand soin et durer une dizaine de minutes. Il peut être
insuffisant pour un sujet très sensible, ou avoir été inefficace ;
en ce cas il faut reprendre le travail de représentation plus
soigneusement et avec plus de détail. On recommence alors en
procédant suivant les indications suivantes en faisant durer
l’opération vingt minutes.
Etant debout ou assis, le buste droit et appuyé, se mettre
au calme, fermer les yeux et faire les représentations suivantes,
groupées en quatre phases :
1re Phase : 1°) La rentrée par toutes les parties du corps, de
ses propres fluides, ou de fluides blancs, clairs, purs et
vitalisants.
2°) La rentrée de ses fluides nerveux, ou de fluides
argentés, électromagnétiques par le cerveau, la colonne
vertébrale et toutes les ramifications nerveuses.

3°) La rentrée des fluides de circulation, bleus, par tous les
systèmes de circulation du corps.
4°) La rentrée des fluides mentaux, sous forme de cercles
concentriques, de toutes couleurs, qui se resserrent autour du
corps, comme pour le ligoter et empêcher les fluides
précédents de ressortir.
Faire une respiration lente et profonde.
2e Phase : La rentrée des antennes d’émission
successivement aux douze centres suivants : le coronal (dessus
de la tête), le frontal ; la gorge, le coeur ; le nombril ; la rate ; les
parties génitales ; le coccyx, les reins ; le poumon gauche, le
poumon droit ; l’occiput.
Faire une respiration lente et profonde.
3e Phase : Eteindre les vibrations en soi en évoquant un
sentiment de détente et de repos ; se représenter
successivement sept ondes sphériques blanches de plus en
plus subtiles enveloppant le corps s’en rapprochant en
diminuant, de manière à être finalement résorbées par le
plexus solaire. Respiration lente et profonde.
4e Phase : Se représenter : 1°) Une boule blanche fluidique
claire, au plexus solaire, puis rentrant dans le bras droit
jusqu’aux extrémités des doigts après avoir parcouru le torse
en décrivant une spirale. La ramener rapidement au plexus
pour la conduire à la jambe gauche jusqu’au pied, puis de là
au cou, à la tête, en lui faisant soigneusement irriguer le
cervelet et le cerveau, la conduire à la jambe droite, puis au
bras gauche, toujours jusqu’aux extrémités, la ramener au
plexus solaire avec le sentiment qu’on l’y enferme étroitement.

2°) Même opération pour le coeur, mais la boule est d’un
beau bleu vitalisant, et on commence par le bras gauche, pour
aller à la jambe droite et continuer de même.
3°) Même opération, pour le foie, avec le sentiment de
conduire une boule jaune, composée de petites flammes
purifiantes et de partir du bras droit comme pour le plexus
solaire.
4°) Même opération pour la rate. La boule est rouge
purificatrice, tonifiante et commence par la gauche, comme
celle du coeur.
5°) Faire passer par la plante des pieds un fluide
magnétique, vitalisant qu’on représente venant du centre de la
Terre, le conduire à travers les muscles des mollets, des cuisses,
du torse, des bras, du cou, et de la face.
Nota : Si l’on a été en contact avec des fluides impurs ou des
personnes malades ou malsaines, soufflez intérieurement très
fortement. Si un organe est malade, y arrêter chaque boule un instant
par la pensée, pour y imprimer l’action des fluides.
Ces précautions de retour à la vie objective peuvent être
succinctes au début, mais deviennent indispensables lorsque la
voyante commence à se développer, et surtout lorsqu’elle a
tendance à s’extérioriser fortement ; dans ce dernier cas, elle
étend sa sensibilité jusqu’à un ou deux mètres autour d’elle.
Cette extension serait préjudiciable à sa santé, si elle se
maintenait après la séance. Aussi est-il nécessaire de s’assurer
qu’elle a véritablement réintégré ses fluides, ce qui s’obtient en
approchant doucement la paume de la main relevée
verticalement jusqu’à un ou deux centimètres du corps.
Lorsque les fluides ne sont pas rentrés, on ressent des

picotements, tandis que le sujet éprouve un agacement qui
devient désagréable si on s’approche trop vite, ou si on dirige
la main en pointe vers elle. Le fait que le sujet et l’opérateur
n’éprouvent aucune sensation indique une réintégration
complète des fluides.
Ce travail devient inutile avec un sujet développé, parce
que celui-ci prend instinctivement toutes les précautions
nécessaires. Non seulement il ne lui est plus nécessaire de
placer la main devant ses yeux, mais il devient apte à faire la
voyance, seul, les yeux ouverts, et même dans la foule, tout en
opérant avec rapidité.
Quelques conditions à respecter
J’ai déjà énuméré quelques précautions à prendre pour
mener à bien le développement des facultés supra-normales. Il
en est d’autres d’ordre général que j’ai réservées pour la fin, en
raison de leur importance et qu’il est indispensable de suivre,
sous peine d’aboutir à un échec certain. La première, sur
laquelle j’appelle tout particulièrement l’attention, est de
n’entreprendre aucune recherche psychique dans le genre de
celles qui viennent d’être indiquées sans obéissance à la loi
morale, et pour qu’il n’y ait aucune ambiguïté, je définis ce que
j’entends par ces mots. J’appelle obéissance à la loi morale, la
tendance à réaliser l’équilibre harmonieux des contraires, car tout
excès est un mal, tout manque d’harmonie est une souffrance,
toute chose est bonne en son essence et ne devient mauvaise
que par son usage malheureux. Il faut donc bannir toute
passion violente, tout sentiment de haine ou même de simple
animosité, toute curiosité malsaine, toute recherche égoïste

susceptible de détriment pour autrui, bref tout ce qui peut être
un élément de souffrance ou de déséquilibre. Un lac ne peut
refléter le ciel ou le paysage environnant que dans le calme ; si
ses ondes sont troublées, il ne renverra qu’une image
déformée et confuse. De même, la voyante, gênée par des
courants vibratoires désordonnés, n’est plus sensible que par
éclair aux ondes subtiles qu’on lui demande d’apprécier, et ne
perçoit que des visions trompeuses et erronées.
L’expérimentateur de mauvais aloi pourra trouver tout
d’abord des satisfactions dans sa recherche, soit par l’effet de
l’intensité de sa volonté, soit pour des raisons occultes, mais
son profit sera court, il sera tôt ou tard égaré et laissé dans
l’erreur et la confusion, car, en vertu de la loi des affinités, le
déséquilibre provoque le déséquilibre, s’exalte et, finalement,
aboutit à la destruction des causes qui l’ont engendré.
Le jeu du subconscient
D’autres actions peuvent entraver l’exercice de la voyance,
tel que le jeu du subconscient ou de la transmission de pensée.
Certains ouvrages prétendent même expliquer par elle tous les
phénomènes psychiques que nous venons de relater. Ces
théories renferment une part de vérité, mais elles sont trop
exclusives ; il est manifeste pour l’expérimentateur que leurs
auteurs n’ont pas manié de cerveaux et ne sont que des
spéculateurs en chambre, car la réalité est extrêmement
complexe et ne saurait s’expliquer uniquement avec quelques
hypothèses simplistes.
Tout d’abord, il faut s’entendre sur ce qu’on veut dire par
le mot subconscient : nous l’avons considéré comme
représentant les réserves acquises au cours de notre vie par le

fonctionnement de l’ensemble des mémoires, mémoires
instinctives aussi bien que mémoires mentales. La plupart des
auteurs envisagent le subconscient comme constitué par les
sensations inconsciemment reçues, enregistrées à l’insu de
l’individu dans sa mémoire. Or, la télépathie et la voyance
nous démontrent que l’être est susceptible de recevoir toutes
les vibrations de l’Univers : l’inconscient compris de cette
manière apparaît donc comme un lieu de convergence des
énergies mondiales et conséquemment comme une
représentation intérieure plus ou moins sensible, plus ou
moins parfaite de l’Univers. Il n’est donc pas étonnant que ce
mot permette de tout expliquer, mais il ne peut engendrer que
des conclusions inconsistantes et sans portée ; il ne suffit pas
de coller une étiquette avec un nom savant sur un flacon pour
connaître les propriétés de son contenu.
L’intuition des affaires de la vie
D’autres auteurs ont distingué, à juste raison, un
subconscient et un superconscient, l’un étant constitué, comme
nous l’avons admis, par ce qui provient de nous-mêmes et de
nos acquisitions personnelles, l’autre par ce qui émane de tout
ce qui est hors de nous. Cette distinction fait correspondre le
jeu du subconscient à ce que nous avons appelé le travail en
circuit fermé et le rôle superconscient au travail en circuit
ouvert ; elle fait aisément comprendre que la voyante rentrera
dans son subconscient toutes les fois qu’elle y sera incitée par
son intérêt personnel, ou lorsqu’elle aura des idées préconçues
sur la question qu’on lui pose. L’exercice de la voyance
demeurera donc toujours très difficile lorsque la question
visera les intérêts pratiques du sujet ou suscitera chez lui un

état passionnel ; il se fera, au contraire, sans peine lorsqu’il
s’agira de recherches abstraites ou désintéressées.
Malheureusement le désintéressement scientifique est assez
rare ; les préoccupations souvent irritantes de la vie font naître
un désir intense de demander des éclaircissements d’ordre
matériel à la voyance ; le jeu instinctif du subconscient
intervient alors, et il faut lutter contre lui si l’on veut obtenir
des renseignements plausibles. Le meilleur moyen consiste à
procéder comme pour la double vue, c’est-à-dire à orienter le
sujet, au préalable, sur des questions désintéressées, à le faire
monter, à le placer dans l’état de calme, puis, seulement alors,
à lui poser la question qui le préoccupe. Dans ces conditions la
voyante ne peut faire de retour sur elle-même qu’après avoir
traversé les images qu’elle a besoin de connaître et dont elle
tire la solution qui lui importe. Ces difficultés n’existent plus
lorsque le sujet recherche l’acquisition d’une faculté supranormale
avec un désintéressement complet. Non seulement il
trouve la récompense de ses efforts dans l’affinement de ses
perceptions qui lui apporte une lucidité remarquable et des
intuitions spontanées dans les affaires de la vie, mais encore,
par le fait de l’entraînement, il a conscience lui-même du jeu du
subconscient et du superconscient : il distingue sans peine leur
rôle respectif et il ne se laisse pas égarer par eux. C’est
pourquoi il est prudent, au début de l’entraînement, d’éliminer
toute question d’intérêt personnel et d’observer si l’attitude du
sujet reste parfaitement calme ; tout geste, si minime qu’il soit,
doit être noté et interprété, car il indique toujours une gêne ou
une préoccupation. La voyance parfaite implique l’état de
bien-être dans l’immobilité.

Comment projeter votre pensée
La transmission de pensée est moins fréquente qu’on ne le
pense. La plupart des expérimentateurs avouent en avoir tenté
l’expérience sans succès. Pour obtenir d’un sujet une lecture de
pensée, il faut l’orienter sur soi-même, par la manière que nous
avons indiquée pour l’étude des caractères par la double vue,
avec cette différence que le personnage à étudier étant
l’opérateur lui-même, l’association entre l’image-départ et
celles qui sont adéquates à l’opérateur s’établit
immédiatement, ou du moins par des transitions simples. Le
travail est facile parce qu’il y a toujours échange réciproque de
courants vibratoires entre le sujet et l’expérimentateur. Ensuite,
on formule intérieurement la pensée qu’on veut transmettre,
puis on « laisse aller », c’est-à-dire qu’on l’oublie en
s’imaginant qu’elle a pris forme et qu’elle s’est éloignée dans la
direction du sujet. Ce processus mental du laisser-aller est la
cause de l’échec qu’on observe, parce qu’on le néglige presque
toujours. Les expérimentateurs qui tentent ce genre
d’expérience, en général, projettent mal leur pensée ; oubliant
que deux appareils électriques ne peuvent communiquer s’ils
ne sont accordés et si aucun courant n’est émis, ils
maintiennent dans leur esprit l’idée de la pensée à transmettre
au lieu de la laisser aller ; ils contrarient ainsi l’onde vibratoire,
la neutralisent, l’empêchent de parvenir au sujet, qui,
naturellement, déclare ne rien percevoir. Par exemple, nous
savons qu’on peut faire se retourner certaines personnes dans
la rue en les regardant dans le cou. L’expérience, facile avec
l’attention spontanée, échoue généralement quand on a la
volonté de la faire, précisément parce qu’on maintient en soi
l’idée de faire retourner la personne. Il faut la regarder comme
57
si on était hors de soi-même et contre elle, alors la pensée
arrive jusqu’à elle, produit un contact fluidique et provoque
une impression vague de présence. En résumé, la transmission
de pensée ne se produit qu’avec une extériorisation
convenable de cette pensée, mais comme ce phénomène est
toujours possible, il y a lieu de craindre qu’il n’intervienne
dans l’exercice de la voyance avec un effet fâcheux. Cette
intervention deviendra presque fatale lorsque
l’expérimentateur sera lui-même préoccupé par une question
personnelle ; la voyante, dégagée de son subconscient,
rentrera dans celui de son guide, n’y verra que le reflet de ses
désirs, ou sera troublée par la violence des courants et
finalement ne donnera que des réponses sans valeur. C’est
pourquoi l’expérimentateur dépourvu de calme devra recourir
à une personne désintéressée pour obtenir la solution qu’il
désire, mais s’il ne peut utiliser une intervention étrangère, il
procédera, comme nous venons de l’indiquer à propos du
subconscient, en commençant par des questions
indépendantes de sa préoccupation, puis par la montée du
sujet et sa descente sur la question pratique.
Nous voyons, en définitive, que les complications
introduites dans la voyance par le subconscient et la
transmission de pensée, sont aisément évitées lorsqu’on opère
dans le calme, et comme le calme est un état d’équilibre, cette
obligation implique encore l’obéissance à la loi morale,
principe de tout équilibre. Il faut donc essentiellement que
l’expérimentateur soit neutre autant que possible ; il ne peut
jamais l’être entièrement, car la neutralité absolue impliquerait
l’indifférence vis-à-vis du phénomène et l’absence d’action ;
mais il doit avoir pour l’expérience un sentiment de légère
58
curiosité et pour le sujet un désir d’aide et de bienveillance. Il
convient, s’il veut atteindre cette neutralité, de se défier de luimême
et de se souvenir que les idées préconçues et le bagage
philosophique que nous traînons avec nous, alourdissent le
fonctionnement de notre cerveau et nous font, le plus souvent,
étudier les phénomènes avec des lunettes déformantes.
Dépasser les plans inférieurs
On rencontre encore dans le développement des facultés
supra-normales une difficulté inattendue et souvent peu aisée
à vaincre. Elle se produit lorsqu’on opère non plus avec un
sujet neuf, mais avec une personne qui a déjà pratiqué la
voyance. Comme il n’existe pas de procédé scientifique
d’entraînement, cette pratique se fait presque toujours dans
des conditions défectueuses, à la façon d’un élève qui
apprendrait la musique sans professeur et sans méthode. Le
cerveau se fausse, la personne oriente ses visions au hasard et
sa faculté devient inégale et chaotique. C’est une des raisons
pour lesquelles les professionnels de la voyance manifestent
un mélange de vérités et d’erreurs et dépassent difficilement
les plans inférieurs. Ce psychisme imparfait se constate non
seulement chez les personnes qui ont travaillé la voyance
volontairement, mais encore chez celles qui la pratiquent
inconsciemment. Car les artistes, la plupart des femmes, ainsi
que ceux qui se laissent profondément absorber par leur
imagination, développent, sans le savoir et avec confusion,
l’aptitude aux perceptions du superconscient. Tout travail
d’imagination, et cela s’explique aisément par ce que nous
avons dit sur le rôle de l’imagination, conduit par instant au
seuil du subconscient et provoque incidemment, au hasard
59
des opérations de la pensée, des fugues dans le
superconscient. Il en résulte à certains moments des intuitions
remarquables, voire même pour certains cerveaux des éclairs
de génie, mais le plus souvent des impressions incohérentes et
plus ou moins trompeuses. Telle lubie féminine, telle phobie
incompréhensible prennent leur source dans des
concentrations intérieures mal conduites. Il en est de même de
certains maux physiques inconnus de la médecine actuelle ou
de certains cas d’hallucination ou de folie. Leur guérison, ou
tout au moins leur atténuation, peut s’obtenir par des
méthodes analogues à celles qui viennent d’être indiquées
pour le développement des facultés supra-normales. Cela se
conçoit aisément, puisque ces maux procèdent du même
principe et sont l’effet d’un travail inverse de l’autre.
Comment faire de la personne un
excellent sujet
Je n’insisterai pas sur le point de vue curatif des troubles
psychiques qui ne rentre pas dans le cadre de cette étude, je
n’indiquerai que les moyens de remédier aux entraves que la
pratique défectueuse de la voyance apporte à son
développement régulier. On peut tout d’abord rechercher la
nature des défectuosités qui en sont la conséquence, puis faire
disparaître celles-ci progressivement, mais ce procédé est
délicat à manier, il demande du tact et nécessite une solution
nouvelle pour chaque défectuosité ou chaque sujet. Le mieux
est de faire table rase de l’acquis et d’agir comme le professeur
qui fait recommencer le dessin au lieu de le rectifier. A cet effet,
on procède d’une manière inverse de celle que nous avons
indiquée pour faire démarrer le sujet ; au lieu de le pousser
60
progressivement hors du subconscient, on le laisse se projeter
de lui-même dans son plan habituel de travail, puis on le
ramène dans son subconscient par des mots suscitant des
images de retour, tout en prenant soin de le faire opérer avec
calme et rythme. Quand on s’est assuré qu’il est effectivement
replié sur lui-même, on le dégage à nouveau, mais très
légèrement, en l’observant étroitement et en ayant recours à
des transitions très nuancées pour empêcher qu’il ne revienne
brusquement dans son plan habituel par son procédé. On se
garde en même temps de poser toute question difficile et
susceptible de l’égarer. Le succès dépend de la patience et du
doigté de l’opérateur. Par contre, quand il est obtenu, il fait de
la personne un excellent sujet, car il est évident que celle-ci
possédait des dispositions natives à la voyance, sans quoi elle
n’aurait pas été incitée à s’y adonner et que ces dispositions
peuvent devenir remarquables avec un entraînement
convenable.
Ce que ressent le sujet
Il n’a été question jusqu’ici que de la mentalité de
l’expérimentateur pendant le développement des facultés
supra-normales ; il peut être intéressant d’examiner celle du
sujet et d’analyser ses sensations. Les impressions ressenties
sont analogues chez toute personne et ne diffèrent que par les
phases transitoires, car, au début de l’entraînement, elles
dépendent de l’état mental, des aptitudes et des facilités
d’assimilation ; certains sujets brûlent les étapes, d’autres, au
contraire, s’éternisent sur les premières perceptions ; pour plus
de généralité nous indiquerons les sensations progressives.
La personne qui va commencer un exercice de voyance et
61
qui n’a aucune notion de ce qu’elle va éprouver se rend
difficilement compte de la différence qui existe entre la
sensation objective provoquée par l’appareil visuel et la
sensation subjective qui provient du superconscient. Elle fait
même souvent des efforts malheureux pour fixer l’image
intérieure en cherchant à la regarder avec ses yeux, de sorte
qu’elle la fait disparaître au lieu de l’accentuer. Les sensations
internes présentent cette caractéristique qu’elles ne sont pas
localisées et qu’elles donnent le sentiment de pouvoir devenir
aussi bien auditives que visuelles ; c’est d’ailleurs pourquoi le
développement de la clairaudience se fait comme celui de la
clairvoyance. En outre, la perception précise la sensation, alors
que le contraire a lieu pour les impressions objectives ;
autrement dit, la signification d’une vision concrète apparaît
après coup, tandis que celle d’une vision subjective se connaît
immédiatement. Par exemple, un édifice entrevu dans le
brouillard donne d’abord une impression de confusion, et ne
se reconnaît qu’avec l’approche, lorsque ses contours sont
devenus suffisamment précis. Au contraire, dans la vision
subjective, l’édifice est perçu avec son caractère propre, avant
même que l’image en soit dessinée. Cela tient à ce que la
personne affectée par une onde vibratoire la perçoit d’abord
comme impression générale, puis la localise et l’accorde avec
un de ses sens habituels, afin de pouvoir la situer en ellemême.
L’intensité de l’image
L’intensité de l’image dépend du degré d’entraînement et
de concentration intérieure ; d’autre part, si dans l’exercice de
la voyance le sujet reste très conscient de ce qui se passe autour
62
de lui, le champ de sa conscience se partage entre les
sensations objectives et les subjectives, et les visions
demeurent nécessairement pâles et presque incolores. L’image
tend encore à rester pauvre lorsque le sujet monte aussi haut
que possible, parce qu’elle est alors à la limite de la perception.
C’est pourquoi certaines voyantes des plans hauts n’ont
jamais que des visions affaiblies, tout en donnant des
renseignements remarquables. La quantité de la voyance ne
dépend pas de la netteté des images, mais de la valeur, de la
richesse et de la précision des indications fournies. Le plus
souvent, la personne qui désire acquérir la voyance ignore ces
détails ; elle s’imagine que ses visions auront la netteté de
celles de la vie courante, et elle est surprise de ne ressentir que
des impressions fugitives et vagues au lieu d’apercevoir des
images définies et colorées. Ce sentiment joint à la crainte
d’avoir des réminiscences et à l’ignorance du véritable rôle de
l’imagination lui font douter du succès. Ce doute non
seulement entrave le développement de la faculté, en
provoquant des retours continuels dans le subconscient, mais
encore peut être assez fort pour la décourager et, pour peu
qu’il s’y mêle un peu de versatilité, l’empêche, bien à tort
d’ailleurs, de continuer plus avant.
Si, au contraire, elle a la patience de persévérer, comme elle
garde un souvenir précis des impressions ressenties à chaque
séance, quel que soit l’intervalle de temps qui les sépare, les
sensations s’ajoutent, se coordonnent ; le progrès est continu, il
est tôt ou tard senti et il dissipe les doutes du début. Les images
prennent alors plus de coloris ; elles rappellent celles du rêve,
ou mieux celles qu’on perçoit le soir ou le matin avant de
dormir ou dans l’instant qui précède le réveil, le cerveau étant
63
à demi entre veille et sommeil. Elles ont d’abord une durée très
courte et passent quelquefois comme un éclair, mais en
laissant toutefois une impression assez forte pour être
analysée. Avec le temps, la fixité vient et les images
simultanées se multiplient. Le mot prononcé par l’opérateur
évoque un flot de sensations visuelles, et le sujet n’a que
l’embarras du choix. Sa richesse de perceptions devient telle
qu’il se trouve gêné par l’obligation de s’exprimer par des
mots.
L’extériorisation
Sa conscience de l’ambiance peut rester pleine et entière,
ou être augmentée ou diminuée à volonté ; il peut même être
poussé jusqu’au sommeil en accentuant l’accrochage, ainsi que
nous l’avons dit. Mais il est préférable d’éviter le sommeil pour
les raisons déjà données, et parce qu’il en résulte une
extériorisation qui fatigue le sujet et présente des
inconvénients pour la santé. Nous avons parlé maintes fois de
la sortie du sujet hors de son subconscient ; nous n’entendons
par là ni une extériorisation, ni aucun déplacement dans
l’espace invisible, mais un état psychique tel que le sujet cesse
d’être sensible aux vibrations de son subconscient pour le
devenir à celles du superconscient.
Des progrès souvent surprenants
Lorsque cette phase de début difficile comme toutes les
périodes de démarrage, est dépassée, le progrès est indéfini et
les résultats obtenus par l’exercice continu de la faculté,
64
confinent au merveilleux. Un sujet, bien entraîné pour la
double vue, diminue le temps qu’il met pour trouver l’image
de l’objet, du lieu ou de la personne qu’on lui indique au point
de répondre instantanément ; il arrive ensuite à se passer de
l’expérimentateur et à faire la concentration mentale par
simple volonté, et, comme il conserve toujours la conscience de
ses actes, il peut pratiquer la double vue en pleine
conversation, entre deux mots, sans que l’interlocuteur s’en
aperçoive. La vision cherchée, s’il s’agit d’un lieu, le sentiment
psychologique, s’il s’agit d’un caractère, le traversent comme
un éclair, se fixent dans sa mémoire et il lui suffit d’analyser
son impression pour en déduire ce qui lui convient. Il peut de
même saisir nettement toutes les préoccupations des assistants
et faire des lectures de pensées très précises.
Le sujet entraîné à la vision rétrospective ou prémonitoire
manifeste une faculté encore plus remarquable. Certaines
personnes arrivent à embrasser d’un coup d’oeil le passé et
l’avenir de la Terre et peuvent même dépasser le champ
terrestre pour voir sur les autres planètes. Tel sujet m’a décrit
les premières apparitions de la vie, les moeurs des animaux
antédiluviens avec une netteté saisissante, qui surpasse
amplement les données de la science tout en les éclaircissant.
D’autres sujets interrogés sur les mondes futurs m’ont dépeint
la forme des sociétés de l’avenir, leurs moeurs, leurs industries,
leur vie détaillée avec une concordance réciproque d’autant
plus surprenante qu’ils ne se connaissaient pas entre eux. Non
seulement leurs conceptions étaient inattendues, originales et
hors de leurs esprits et du mien, mais les organisations
matérielles, les solutions morales, entrevues pour le futur
étaient incontestablement supérieures à ce que nous étions,
65
eux ou moi, capables d’imaginer. Non seulement il n’y avait
aucune divergence entre leurs descriptions, mais certaines
d’entre elles, concernant, par exemple, des machines de
l’avenir, des détails de costume, étaient données en partie par
l’un et complétées par l’autre, quelquefois après un long
intervalle de temps. Il faut donc bien admettre qu’elles ne
résultaient pas d’un travail de leur subconscient, mais qu’elles
émanaient d’une source indépendante d’eux-mêmes, comme
si le futur annoncé était préexistant, ou du moins en
élaboration dans le cerveau de la terre. Ces visions d’ailleurs
n’impliquent aucun fatalisme, car les sujets ajoutaient qu’elles
ne donnaient pas la certitude de ce qui doit arriver, mais
qu’étant conformes à la logique et aux tendances de
l’humanité, elles avaient un caractère de grande probabilité.
Une richesse de coloris incomparable
L’exploration de l’invisible, pour un sujet entraîné,
surpasse comme intérêt les données des précédentes facultés.
Ces modes vibratoires en nombre illimité, avec leurs
combinaisons incalculables, auxquels j’ai déjà fait allusion, et
que la science nous laisse soupçonner, deviennent peu à peu
sensibles et engendrent des sensations et des perceptions
inconcevables à notre entendement. Les images, qui étaient
pâles et imprécises au début de l’entraînement, offrent une
richesse de coloris incomparable ; elles semblent tissées dans la
lumière même et leur éclat, qui croît graduellement avec la
montée du sujet, devient insoutenable lorsque celle-ci dépasse
son degré d’évolution. Les scènes entrevues, terrifiantes, dans
les plans bas, deviennent admirables dans les hautes régions,
où elles sont composées avec une harmonie parfaite. Le
66
monde du merveilleux, aux transformations féeriques
incessantes, aux innombrables variétés d’êtres et de formes, se
présente aux yeux du sujet dans sa splendeur. Aussi la simple
pensée de retour à la vie objective lui cause-t-il un véritable
chagrin. Dans ces plans supérieurs, même les sensations les
plus simples, celles qui résultent d’une simple transposition
des vibrations terrestres élémentaires, sont curieuses à noter.
Par exemple, un sujet « entendait les pensées harmonieuses
émanées de la terre ; il percevait leurs vibrations comme des
sonorités qui rappelaient à la fois, quoique avec plus de pureté
et de délicatesse, celles de la harpe et du cristal. Il avait le
sentiment d’être plongé dans une mer d’harmonie
inconcevable et il lui suffisait de fixer son attention sur une de
ces sonorités pour saisir toute la profondeur de la pensée
correspondante ». Plus haut encore, les formes disparaissent et
les impressions deviennent d’une plénitude et d’une étendue
qui ne peuvent se dépeindre avec les expressions si pauvres de
notre langage terrestre. La plupart de ceux qui n’ont pas
assisté à ces scènes de voyance et qui n’en connaissent que le
récit demeurent incrédules et attribuent aux fantaisies de
l’imagination ces extraordinaires visions. Cependant ces
descriptions impliquent une faculté de composition esthétique
supérieure à la mentalité du sujet : elles ne sont nullement
incompatibles avec les hypothèses permises par la science, et
comme elles se retrouvent chez toute personne
convenablement entraînée, quel que soit l’opérateur, il faut
bien admettre qu’elles prennent leur base hors du sujet ; mais
l’homme conçoit difficilement ce qu’il n’a pas ressenti ; il
préfère nier ce qui gêne son entendement ou en soulager sa
philosophie par une explication facile.
67
Une agréable sensation de détente
A la fin d’une séance de voyance, conduite avec les
précautions qui ont été indiquées, le sujet reprend la
conscience du monde objectif, non seulement sans fatigue,
mais encore en meilleur état physique et psychique qu’au
début, avec le souvenir complet de tout ce qu’il a vu et ressenti
; son seul nuage est de quitter l’état de bien-être qu’il éprouvait
au cours de ses visions merveilleuses.
Sa physionomie porte, lorsqu’il rouvre les yeux, un sourire
caractéristique fait de détente, de calme intérieur et d’une sorte
d’imprégnation du mystère. Ce sourire, avec l’absence de tout
mouvement nerveux, est pour l’expérimentateur l’indice que
la séance a été correctement menée.
Mais si, au contraire, les précautions ont été négligées, si
on a manqué de patience, si on a pressé le sujet sans lui donner
le repos nécessaire, si on a multiplié les questions décousues et
opéré avec un trouble passionnel, si on ne s’est pas plié à la loi
morale, si on n’a pas fait faire soigneusement les impressions
de retour, on fatigue le sujet, on épuise son système nerveux,
on provoque l’opposition d’êtres occultes, de centres
conscients insoupçonnés (surtout dans le cas de désobéissance
à la loi morale) et on engendre des troubles circulatoires. Si on
persiste dans les mêmes fautes pendant plusieurs séances, on
peut déterminer toute une gamme de maux psychiques:
anémie, épuisement nerveux, troubles cardiaques, désordres
passionnels, hallucinations, folie, voire même mort subite par
le coeur. Toute science a sa contrepartie, en bien comme en
mal, et il ne convient pas d’aborder les sciences psychiques par
jeu ou par simple curiosité.
68
Une culture de l’esprit extrêmement riche
de conséquences
En résumé, nous pouvons dire que le développement des
facultés supra-normales est une culture de l’esprit. Il rend celui
quis’y soumet plus sensible aux fines vibrations, il l’affine,
élargit son horizon et accroît ses connaissances. Il améliore son
état nerveux, il le dote pour la vie pratique d’une intuition
pénétrante, qui lui fait déjouer les pièges de ses adversaires et
le guide dans la conduite de la vie matérielle. Il lui apporte une
clairvoyance profonde de la vie psychique, qui lui fait
comprendre son destin, qui lui donne la confiance supérieure
et l’aide à supporter ses épreuves, tout en les atténuant. Enfin il
lui rend indéniable l’existence de la survie; il l’éclaire sur ce
problème redoutable et le prépare au destin qui l’attend dans
la vie invisible.
Ces facultés ne constituent pas un simple avantage pour
l’individu, elles ont une portée plus profonde, car elles sont les
premiers éléments des sciences psychiques. Or, ces dernières
sont encore embryonnaires et sont à peine dans l’état
d’avancement où se trouvait l’électricité au siècle dernier.
Alors que les expériences du début, comme celles de Volta ou
d’Ampère, étaient à peine connues et n’intéressaient que les
savants, elles ne pouvaient faire présager les résultats
pratiques et industriels qui en ont été tirés, ni les espoirs que
nous fondons aujourd’hui sur le magnétisme et l’électricité. De
même ceux qui ont commencé à jeter les bases des sciences
psychiques voient en elles un avenir, insoupçonné du public,
et vraisemblablement supérieur aux sciences physiques
incapables d’affecter l’être aussi profondément qu’elles. Elles
69
auront nécessairement une répercussion sociale toujours
croissante. Elles permettront, en effet, de constituer une
psychologie rationnelle et, partant de là, une pédagogie
scientifique. Elles aideront à résoudre les crises sociales, car
elles donneront la solution économique. Elles apporteront les
ressources incalculables de l’invisible. Elles amélioreront
l’humanité, car elles lui prouveront la réalité de la survie. Elles
lui démontreront la nécessité de la loi morale. Elles élargiront
sans limite le champ de sa conscience et elles dégageront
l’homme de son enlisement dans la matière, en lui montrant
que la chose la plus essentielle pour lui, et à laquelle il doit
subordonner ses intérêts, est l’évolution de sa conscience sur
les trois plans : physique, animique et mental.
.
70
CONCLUSION
En général, nous vivons dans le désordre de nos
sensations et de nos émotions, capables tout au plus d’exercer
sur elles une domination imparfaite et éphémère, et nous
sommes impuissants à utiliser les richesses latentes de notre
nature. Notre cerveau travaille avec incohérence et ressemble
au château de la Belle au Bois Dormant ; enveloppé par
l’inextricable maquis des soucis et des préoccupations
journalières, il dissimule, en son intérieur, une multitude de
facultés endormies. Mais aucune force ne demeure
impénétrable au géomètre qui, par ses repères et ses bases
précises, en détermine l’accès et les chemins de parcours. De
même, l’étude de nos réactions sensitivo-motrices telle qu’elle
est pratiquée dans la psychophysique, dégage les éléments
essentiels de notre mental, les précise, les coordonne et fait
apparaître des états de conscience nouveaux, ou rend
permanentes des facultés dont la manifestation n’est
qu’accidentelle, comme celle de la clairvoyance.
L’élément le plus essentiel de notre mental est la sensation
qui résulte de notre réaction consciente au choc des ondes ou
courants émis par les principaux résonateurs de notre
ambiance, comme la lumière, le son, les odeurs, etc. Dans la vie
ordinaire ces résonateurs ne sont jamais isolés ; leur ensemble
provoque des groupes de sensations qu’on appelle des
images. Ces images, suivant le jeu perpétuellement changeant
des excitants, forment des scènes qui se modifient rapidement,
tout en laissant des traces, qui permettent de les retrouver par
71
le souvenir, et qui, en s’accumulant avec les années,
constituent ce qu’on appelle le subconscient.
De plus, ces images s’interpénètrent ou se confondent, en
raison de la similarité des courants qui les constituent, et
peuvent s’associer par contiguïté dans le temps ou l’espace.
Ainsi le rappel d’un banc évoque telle ou telle circonstance, tel
ou tel accessoire, auquel il s’est lié, comme un jardin ou une
rue. Le jeu fantaisiste, en apparence du moins, de ces images
constitue l’imagination. Celle-ci est passive lorsque les images
surgissent spontanément comme dans le rêve ; elle est active
lorsqu’elle est provoquée par la volonté, comme dans la
conception d’un roman. Mais dans l’un et l’autre cas,
l’apparition de l’image implique toujours une association avec
la précédente ; c’est pourquoi le contraste, c’est-à-dire
l’apparition d’une image sans lien avec l’image antérieure ne
peut résulter que d’une action extérieure à nous, et c’est une
des raisons qui motive l’intervention d’un instructeur dans le
développement de la clairvoyance.
Donc, il y a, d’une part, l’image première, qui est la
réaction directe de notre être à un faisceau de courants et,
d’autre part, l’image seconde, reflet de l’image première,
maintenue à travers le temps par la mémoire et qui est
évoquée soit par association, soit par contraste ; mais, tandis
que l’image première est due à la réceptivité d’un courant et à
son interprétation par notre conscience, l’image seconde naît
en nous et s’irradie à travers l’espace, comme le démontrent
les phénomènes de télépathie et l’étude des réactions sensitivomotrices.
Si bien que notre cerveau fonctionne comme un

appareil de radio, tantôt comme récepteur, tantôt comme
émetteur.
Sept règles essentielles
En général, ces images irradiées dans l’espace sont trop
faibles pour atteindre notre conscience, et il faut, pour les
percevoir, modifier celle-ci ou la rendre plus subtile. Or, la
conscience résulte de deux facteurs : l’intensité de l’excitant et
le contraste : une lumière reste inaperçue si elle est trop faible,
ou encore si elle ne se différencie pas de l’ambiance. Sans
ombre il n’y a pas de lumière. Nous savons donc modifier la
conscience, puisque ces deux facteurs sont en notre pouvoir.
Pour réaliser le premier facteur, nous rendrons la conscience
sensible à des intensités de plus en plus fines : 1° en les
empêchant de se disperser par l’isolement du sujet, des bruits
et des excitants extérieurs ; 2° en aidant le sujet à chasser ses
préoccupations et à se rendre aussi calme que possible ; 3° en
concentrant sa pensée sur une image ; 4° en faisant appel au
contraste dès que la concentration cesse d’être efficace ; 5° en
provoquant l’accrochage, c’est-à-dire en faisant vivre l’image
en soi ; 6° en opérant par transitions convenables et évitant
toute question décousue. Dans le passage par contraste, on
prévient le sujet qu’on va modifier l’image et on l’invite à se
préparer au changement ; 7° en augmentant le rendement de
la conscience par la création d’une ambiance harmonique,
c’est-à-dire par la montée.
Précisons davantage ces sept points. Le sujet, c’est-à-dire
toute personne soucieuse d’acquérir la clairvoyance suivant la
loi morale, est installé commodément dans une pièce, hors de
toute gêne physique, la main repliée sur ses yeux pour

masquer la lumière. On le conduit au calme intérieur par le
vide de pensées, ou plutôt en l’invitant à se représenter
différentes images adéquates, comme de balayer ses soucis, ou
de se souvenir d’un lac calme au soleil couchant, ou de
s’imaginer de grandes étendues monotones. Ensuite on le prie
d’orienter ses pensées dans un sens moral harmonique.
Le calme obtenu, on lui demande de rester neutre,
simplement attentif au mot qui va être prononcé, de chasser
tout effort de mémoire et de décrire immédiatement
l’impression qui surgira. On articule un mot concret mais
générique, comme un vase, un chien, sans en avoir soi-même
la représentation précise, pour éviter la suggestion. Ce mot, par
un effet de contraste, provoque un léger choc dans la
conscience et fait apparaître une image, dont on demande la
description détaillée pour qu’on puisse s’en faire soi-même une
représentation exacte. Cette opération a le double but de forcer
le sujet à la concentration de pensée et de mettre l’instructeur à
l’unisson avec lui. L’image épuisée, on invite le sujet à l’effacer
de son esprit et on recommence avec des mots nouveaux
suscitant des images de plus en plus complexes, comme un
appartement, un jardin, un château. On facilite alors leur
développement en faisant vivre le sujet dans l’image, c’est-àdire
qu’on lui demande de se placer contre l’objet, de le saisir
en pensée ou, s’il se représente une route, de circuler sur elle.
Ensuite on l’associe à des images de mouvement, comme la
montée dans une voiture, une auto ou un train. Dans toutes ces
opérations, l’instructeur ne donne que les indications
strictement nécessaires pour éviter la suggestion et pour
provoquer l’apparition du plus grand nombre possible
d’images spontanées.

Dans les débuts, les images spontanées se produisent
parfois avec confusion et avec des sensations désagréables,
c’est pourquoi il faut créer l’ambiance harmonique dont il a été
question, dès que le sujet commence à savoir concentrer sa
pensée. En premier lieu, toute image spontanée, laide,
déformée ou désagréable doit être immédiatement chassée ; en
second lieu, on provoque une série d’impressions de montée
en invitant successivement le sujet à se figurer qu’il gravit une
route escarpée, qu’il escalade une montagne, qu’il monte sur
une échelle se perdant dans les nues, tout en marquant des
alternatives de repos, finalement qu’il s’élève dans l’espace en
décrivant des spirales.
Dans ces conditions, la conscience devient
progressivement sensible à des vibrations de plus en plus
fines. Le mot prononcé engendre une image, donc un courant
qui se diffuse dans l’espace et réveille au hasard de la
rencontre des courants connexes, qui resteraient inaperçus
dans l’état ordinaire et qui sont ressentis dans ce nouvel état
de conscience. Le sujet éprouve des impressions de formes, de
paysages, qui se précisent avec l’attention pour disparaître
avec les progrès de la montée et faire place à des sensations
d’ambiance, lumineuses et colorées, dont l’intensité et la
beauté sont incomparables. Ces ambiances se peuplent d’êtres
dont les contacts évoquent des sensibilités exquises, des
sentiments extra-terrestres, très purs et très beaux.
Dans ces montées harmoniques, au lieu de laisser les
courants images surgir au hasard, on peut choisir les mots de
manière à déterminer certaines associations voulues. Le mot
devient une sorte de manipulateur à courants, au moyen

duquel on peut relier le sujet à tel ou tel individu ou à telle ou
telle scène lointaine, et c’est ainsi qu’on le conduit à des visions
à distance, à la lecture de pensée et à la prémonition, c’est-àdire
à la perception des événements en préparation.
A noter qu’il importe de prendre autant de soins à
ramener le sujet de l’état subjectif à la vie objective qu’on en a
pris pour le mettre en état de concentration, sous peine de
provoquer des fatigues, vertiges et malaises dus à la circulation
imparfaite de la vie fluidique et nerveuse, surtout lorsque le
sujet est sensible et très imaginatif ou s’est développé sans
guide.
Comment faire le retour
Le retour se fait par l’évocation inverse des images qui ont
servi au dégagement, par la représentation de soi-même dans
le fauteuil, par plusieurs profondes respirations, surtout par la
représentation du repliement des ondes sur soi-même, et de la
réintégration des corps fluidiques, par celle de la mise en ordre
des courants circulatoires et de l’assouplissement
gymnastique, comme il a été dit antérieurement.
Chaque séance porte ses fruits, et par l’effet de cette culture
psycho-physique, les images perçues ne s’oublient plus, la
mémoire se perfectionne, l’intuition se développe d’une
manière surprenante; l’esprit pense avec plus de calme et de
modération : des sensations inconnues apparaissent. L’espace
et le temps, ces deux entraves de la vie, s’atténuent, la
clairvoyance apparaît, une faculté nouvelle est née, apportant
avec elle une amélioration dans la santé morale et physique.

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